Après avoir dirigé Yul Brynner dans Les sept mercenaires et Mc Queen dans La grande évasion, le vétéran John Sturges enrôle Clint Eastwood en 1972 pour les besoins de Joe Kidd.
Sa réalisation est teintée d'une atmosphère mollassone retenant les personnages principaux qui tombent malgré tout dans la caricature. La musique est néanmoins excellente et rappelle celle d'Elmer Bernstein dans Les sept mercenaires. La photographie, elle aussi, est impeccable. Les paysages proposés par John Sturges rappellent délibérement ceux de Jeremiah Johnson de Sydney Pollack avec Robert Redford.
John Sturges revient sur un thème maintes fois repris, la vengeance, et se l'approprie à sa manière en faisant référence au film d'Henry Hathaway, Nevada Smith, en donnant une dimension caractérielle à Clint Eastwood (Pour une poignée de dollars, L'épreuve de force, Magnum force, ...) qui commence déjà à se prendre pour une brute en apparaissant comme dans L'homme des hautes plaines. De ce fait, Clint Eastwood met l'ambiance et la garde pour en faire un film de plus à son actif. Face à lui, Robert Duvall (Apocalypse now, Open range, Conversation secrète, ...), tout en puissance, démontre son inexorable jeu d'acteur : il se dépasse, se surpasse et emporte l'adhésion même au dessus de Clint Eastwood. Ce duo, Eastwood/Duvall reste sans doute méconnu mais vaut tout son pesant d'or.
Spectateurs, ne reniez pas ce petit bijou du western américain qui risque de passer à la trappe incessemment sous peu, si vous ne rechargez pas assez vite vos fusils...