Sorti en 1957, RUN OF THE ARROW est incontestablement le western le plus audacieux de Samuel Fuller. Entre sa mère qui pense qu’il vaut mieux pour lui qu’une corde yankee lui brise le coup, et sa compagne qui lui explique que le drapeau US sera toujours le sien, un rebelle, la guerre de sécession terminée, cherche une paix intérieure qu’il pensera trouver auprès des Sioux. Fuller pose toutes les questions sur le racisme et l’éduction, la tolérance et le Grand Esprit, la guerre et ses conséquences (qu’un Custer en herbe frustré déclenche sans les avoirs mesurées), sans partis pris et donc sans position. D’abord poussif, le film trouve son rythme lors de fameux “Jugement des flèches”, pour gagner en tension et donc en densité, jusqu’à l’attaque indienne. Elle est certainement une des meilleures filmées à ce jour (seule celle de Rio Conchos, réalisé sept ans plus tard, me paraît supérieure), et donne une véritable leçon aux tenants du tout numérique, qui, à quelques exceptions près, devraient étudier cette scène pour sa justesse et son impact exceptionnel.
Si Rod Steiger offre une prestation mitigée, parfois touchant, parfois agaçant, parfois sobre, souvent cabotinant, Charles Bronson sculptural mélange de force et de retenue est très convaincant, comme la douce Sarita Montiel. Côté U.S. cavalerie, si Brian Keith tient bien son rôle, malheureusement Ralph Meeker en fait des tonnes alors que son personnage est déjà suffisamment chargé, sans qu’il soit besoin d’en rajouter. Enfin la mise en image de Joseph Biroc est de qualité, difficile d’en dire autant d’une musique parfois grandiose (Max Steiner non crédité), parfois mal à propos (la construction du camp, plus Mickey Mouse que western). Trop de réserves pour en faire un chef d’oeuvre, ce film qui déborde largement le cadre du western est curieusement porté au pinacle par les amateurs du genre et boudé par les autres.