Jean-Daniel Pollet confiait en 1993 : "En 76, suite à l'échec de L'Acrobate, j'ai quitté Paris et je suis allé m'installer dans le Perche où j'ai vécu trois ans. Un jour, comme j'avais besoin d'une plaque de cheminée, je suis entré dans une fonderie, au détour d'un village, et je n'en ai pas cru mes yeux. On était en 1850, dans une caverne enfumée où l'homme pourtant dominait encore la machine. Immédiatement, j'ai su que j'en ferais un film. Ce fut Pour mémoire, que je classe dans la catégorie des essais comme Méditerranée, comme les courts métrages d'Alain Resnais tel Le Chant du Styrène.
Cinéaste à part, Jean-Daniel Pollet est l'auteur de films de pure fiction, comme L'Acrobate ou L'Amour c'est gai, l'amour c'est triste et d'oeuvres qui se situent aux fontières du documentaire. On peut parler à leur sujet d'essais cinématographiques (Méditerranée, Dieu sait quoi). Avant de s'intéresser au travail des forgerons, le réalisateur avait signé un film de commande sur la vie des morutiers (Les Morutiers, 1967).
Pour mémoire (La Forge) est dédié au père du réalisateur.
Le commentaire de Pour mémoire est dit par le sociologue Maurice Born, avec qui le cinéaste a écrit et monté son film. Tous deux avaient déjà collaboré sur L'Ordre en 1973. Dans le cadre d'entretiens avec Jean-Louis Leutrat et Suzanne Liandrat-Guigues, Jean-Daniel Pollet racontera qu'il avait au départ souhaité que le commentaire soit dit par un ami psychanalyste, Jean-Pierre Muyard. Celui-ci a donc improvisé un texte, en regardant les images muettes, mais le magnétophone n'a pas fonctionné. Le psy ayant refusé de recommencer, c'est vers Born que le cinéaste s'est tourné.