Ce film en a inspiré un autre, et pas n'importe lequel puisqu'il s'agit des "Évadés" de Frank Darabont avec Tim Robbins et Morgan Freeman, considéré par le classement américain IMDB comme le meilleur film des tous les temps. Sans aller jusque là, "Les Évadés" est un film magnifique, même s'il perd aujourd'hui un peu de sa valeur quand je vois qu'il s'inspire très largement du film de Don Siegel. Néanmoins, je continue de préférer le film de Darabont à celui de Siegel, donc Robbins à Eastwood pour une seule bonne raison : la caractère du personnage. De la fébrilité et l'innocence du prisonnier surgit toute la tension et le drame. Quand-à Eastwood, son rôle est tout tracé et indéboulonnable, c'est un dur à cuire qui ne va pas se laisser faire
, comme pour la scène de la douche
. Ainsi, en plus d'être un expérimenté des prisons, le personnage de Eastwood n'a peur de rien, tente de s'échapper et comme le titre l'indique, y arrive. L'intérêt du parcours en quelque peu altéré puisque l'on sait que les éventuels dangers sont effacés bien rapidement. La seule incertitude réside au dénouement où le réalisateur nous laisse le soin de conclure : sont-ils morts ou ont-ils réussi ? "L’Évadé d'Alcatraz" est tout de même un excellent film, brillamment interprété et mis en scène, et la meilleure pub qu'on puisse lui faire c'est en analysant tous les éléments que Frank Darabont s'est permis de reprendre dans son propre film. On s'inspire rarement d'un mauvais film... Je pense
au corbeau, à la bibliothèque, au pervers homo, à l'amitié entre le personnage principal et un noir emprisonné depuis longtemps, je pense aussi au directeur, et surtout au stratagème employé pour s'échapper.
Tous ces éléments ne sont pas indéniables et on les doit à Don Siegel. Darabont aura eu le mérite d'étoffer la psychologie de son personnage, de le rendre faible et candide et de développer davantage autour des caractères de la prison et de la destinée des personnages principaux, Don Siegel celui de créer un film inspiré d'une histoire vraie, d'en inventer les retors de scénario, d'en exploiter au mieux le suspense et d'inspirer un réalisateur qui fera à partir de cette base un grand film. "L’Évadé d'Alcatraz" n'est intrinsèquement pas un chef-d’œuvre, mais une honnête proposition bien soutenue par Clint Eastwood (même s'il ne fait rien de remarquable) mais il est a posteriori un film indispensable, source même d'un film postérieur, un chef-d’œuvre celui-là. C'est tout le paradoxe du film de Don Siegel, il est bon sans être extraordinaire mais tout à fait indispensable.