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JR Les Iffs
75 abonnés
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2,0
Publiée le 29 octobre 2017
Accompagné de Djeddy, un cow-boy qui lui sert de garde du corps, Mr West débarque en Union soviétique. Là, profitant de sa crédulité, des voyous lui soutirent de l'argent. Pour mieux l'escroquer, ils évoquent les méchants et sanguinaires bolcheviks... Mais grâce à une compatriote, Ellen, Mr West échappe à leurs griffes et les vrais bolcheviks présentent un visage radieux du pays à leur hôte.
Lev Koulechov, plus célèbre pour ses expériences sur la sémantique cinématographique que pour ses films, n'en a pas moins été réalisateur. L'un de ses premiers longs-métrages "Neobychainye priklyucheniya mistera Vesta v strane bolshevikov" (URSS, 1924) se distingue des productions d'Eisenstein ou de Vertov est se révèle une farce ubuesque. Le sens politique et théorique qui fonde tout le cinéma de ses contemporains est atténué là par Koulechov pour rendre un hommage timoré au cinéma américain. Les courses poursuites que le western américain commence à prendre en son sein et que le burlesque a déjà adopté se répercutent dans ce film soviétique comme un plagiat grossier, accentué comme tel. La farce est celle d'un américain qui, sommé de se rendre en URSS, craint les bolcheviks que la presse etats-unienne dépeint par des photographies de barbares sanguinaires. Arrivé en URSS, M. West devient très vite la proie d'un gang joueur qui n'aura de cesse de rire de l'étranger hautain que quand celui-ci leur aura fait don de tous ses biens. Koulechov, dans un usage entièrement maîtrisé, parfois redondant, des fondus et des travellings légers, donne du rythme à ses images et à son intrigue. Ce n'est pas tant les ruées rustres des bolechviks et des américains qui fait l'humour du film que le burlesque avec lequel Koulechov rend hommage à l'Amérique. Le burlesque des mimiques, l'agitation convulsive des corps et la place de l'individu, alors que la foule est sensé en 1924 être au centre des films soviétique, font de "Neobychainye..." un avatar caricatural de la production américaine. Le calque rythmique du cinéma américain rend difficile une lecture formelle du film. C'est donc sur son idéologie qu'il faut trouver le film de Koulechov. Dans une dénonciation de la naïveté américaine, dans une de ces sempiternelle farce brodée sur le modèle des "Fourberies de Scapin", Koulechov ne renouvelle guère mais réalise une oeuvre singulière dans un cinéma russe tout-soviétique.