D'emblée la première image nous révèle une scène de théâtre et c'est là que prendra place l'intrigue d'un film en forme de mise en abîme. En effet la Commedia dell'arte des comédiens est le miroir des jeux sociaux de la noblesse, qui ne cachent qu'une course égoïste au pouvoir, qui lui même exerce une fascination, comme le personnage du toréador belliqueux face à son taureau dans l'arène en exerce une sus les gens du peuple. Ou comme celle qu'exerce le Carrosse d'Or sur tout le monde et surtout sur le personnage principale, qui devra comprendre que le véritable or ne se trouve pas sur le carrosse. Elle aussi, alors que différente au départ, femme du peuple, se comportera, prise entre plusieurs hommes, de la même manière que le vice roi, lui en tant qu'aristocrate et lorsqu'il se retrouve entre plusieurs femmes. On joue, derrière un masque sur scène ou à la cour. Les parallèles sont constants pour nous montrer les traits de la nature humaine, révélés par l'art, constamment, et par les prises de conscience, ponctuellement.
Le film porte un regard sur notre civilisation et ses méfaits, notamment à l'égard des Indiens. Et fustige nos lumières et la fièvre de l'or qui s'était emparée, de manière sanglante, de la couronne d'Espagne.
Les acteurs sont tous bons et une mention spéciale doit être décernée à Duncan Lamont, particulièrement éblouissant en vice-roi. Ils sont soutenus par une réalisation sans faille, la photo du neveu du réalisateur et la musique enjouée de Vivaldi. Et ce choix est excellent car si le film parle de sujet sérieux, il le fait de manière légère et parfois amusante, à l'image (encore un parallèle) de la Commedia dell'arte.
Un film qui vaut le détour, ne serait-ce que pour entendre Anna Magnani parler délicieusement anglais.