Première réalisation de Clint Eastwood sortie en 1971, "Un Frisson dans la Nuit" raconte l'histoire de Dave Carver un disc jockey de radio se trouvant épris par une de ses auditrices, de plus en plus encombrante il tente de s'en "débarrasser" pour renouer avec son ancienne compagne, mais il avait peut être sous-estimé la folle jalousie meurtrière de Evelyn.
Eastwood introduit très bien son récit, il se met lui même en scène dans ce personnage sobre, charmeur tout en assurance, il pose les bases assez vite pour nous captiver rapidement, mais c'est bien la prestation étonnante de Jessica Walter (Evelyn) qui rend son long métrage vraiment prenant, l'évolution du rôle est juste parfait, distillant une tension palpable de plus en plus oppressante. La gestion du suspense est admirable et le film devient dérangeant (dans le bon sens du terme) grâce à cette relation malsaine, le pauvre Dave a littéralement le cul entre deux chaises, on a limite envie de l'aider à virer cette folle à coup de pied au derche pour qu'il puisse retrouver son véritable amour sur la plage. Mais cette sangsue est coriace ...
Eastwood brille par sa mise en scène, l'ensemble m'a vraiment convaincu, pour une première sa direction est quasi parfaite. Maintenant en terme de réalisation c'est un peu plus délicat, car force est de constater multitude de maladresses techniques, allant de soucis de cadrage basiques, de raccords douteux ou d'un mixage bâclé, c'est tout de même excusable bien sûr mais disons que ça saute clairement aux yeux.
Autre point faible, la bande son, j'aime le jazz mais au delà du fait que le personnage de Dave soit disc jockey pourquoi en mettre sur quasiment l'intégralité du long métrage ? Car une fois la tension à son paroxysme ce choix me parait mal venu, le passage du Festival de Monteray m'a dérangé, je n'y ai pas vu l'utilité, ça coupe clairement cours à cette ambiance mise en place, j'imagine que c'est présent à ce moment là pour faire croire que Evelyn n'est plus une source de problème pour Dave et qu'il peut couler des jours heureux, mais quand on sait qu'on est à la moitié du film je pense que le spectateur n'est pas bête.
Ensuite cette scène du couteau dans l'oreiller est très étrange, la réalisation est ici extrêmement maladroite, les plans de coupes laissent suggérer un rêve alors qu'il n'en est rien, rendant la situation presque grand-guignolesque, et cette mise en scène jusqu'ici maîtrisée s'en retrouve affaiblie. Clint reprend du poil de la bête ensuite en préparant un final climax (scène des ciseaux), j'attendais vraiment un grand moment de suspense, un dialogue percutant entre Dave et Evelyn, mais tout tombe à l'eau et le film se termine de manière expéditive, j'ai vraiment été déçu qu'il ai choisi cette voie là (ou du moins ses scénaristes).
Mais globalement je ne resterais pas sur cette note négative car je dois dire que le film m'a bien accroché et l'ensemble, en ce qui concerne la narration et le respect de la trame, est cohérent d'un certain point de vue, juste incomplet.
"Un Frisson dans la Nuit" est un bon coup d'essai pour Clint Eastwood, il montre déjà des qualités indéniables en tant que metteur en scène et même si son œuvre est parsemée de petits défauts techniques on peut allègrement lui pardonner.