Retrospective des films avec Delon, avec Quand la femme s’en mêle, son premier film. Bon, Quand la femme s’en mêle est intéressant aujourd’hui essentiellement pour la modernité des personnages. Edwige Feuillère est une femme libre assez étonnante, et elle joue tout à fait remarquablement ; le duo Daumier-Delon fonctionne à merveille et eux aussi pourraient être des jeunes d’aujourd’hui. Il y a de bons dialogues, piquant et étonnement contemporains. Vraiment, ce qui pourrait aujourd’hui suscité en premier l’attention dans ce film aujourd’hui c’est son ton très actuel.
Ensuite, on pourra s’intéresser aux très solides prestation de Bernard Blier et Jean Servais, et de manière générale de tous les acteurs talentueux et dotés de personnages complexes.
Le souci en revanche de Quand la femme s’en mêle c’est son scénario. Le mélange comédie-drame est plaisant, mais l’histoire s’enlise pas mal. On se désintéresse de la vengeance de Blier, l’aspect polar est survolé, la comédie s’efface dans la seconde partie, bref le film ne s’est pas trop où se positionner et avance vraiment grâce à ses acteurs et ses dialogues. L’intrigue est superficielle au début et inexistante ensuite. Le final est en demi-teinte. Bref, le film est court et démarre vite donc il se laisse regarder, mais à l’image de pas mal de productions de l’époque, il survit sur pas grand-chose, et seul son ton parfois incisif et contemporain fera relever la tête au spectateur d’aujourd’hui.
Visuellement c’est honorable, sans plus. On appréciera l’ambiance du temps, une mise en scène de qualité (le réalisateur n’est pas n’importe qui quand même et quelques passages sont très bien réalisés comme la dispute mère-fille), mais à l’image de la bande son, ça ne reste pas non plus un moment hautement mémorable. C’est bien emballé, mais pas un grand film plastique.
En sommes, un moment de cinéma pas déplaisant et qui pour un film de 1957 a pas tellement vieilli. Ironique, piquant, abordant des sujets toujours d’actualité comme le conflit de génération et mettant en valeur les femmes (triste à dire mais les rôles féminins de l’époque étaient souvent bien plus modernes qu’aujourd’hui), le film arrive à faire oublier sa paresse scénaristique qui s’apparente à un joyeux désordre. 3.