Déjà présent dans "The Steel Helmet" Gene Evans (Sgt. Rock), Richard Monahan (Walowicz), Neyle Morrow (Medic) peuvent faire penser que "Fixed Bayonets" est une suite. Même si ici il n’y a guère plus d’exaltation ni « Stars and stripes » à tout prix, il n’en est rien. Loin des films pompeusement héroïques de l’époque où les gentils GI’s se débarrassaient facilement des imbéciles ennemis, Fuller, comme John Ford, ne méprise jamais l’adversaire, tout en montrant une guerre du côté américain, mais en restant critique. Ici, pas de fait de bravoure de la part du haut commandement, mais un peloton sacrifié pour la survie d’une division, pour le bien commun et l’absurdité des stratégies guerrières.
Effectivement, les trois quarts mourront. Le retour des survivants offre une saisissante séquence finale,
sans que le cinéaste nous asséne une quelconque leçon de morale. Filmé au plus près des soldats, montrant leur farouche volonté de survivre, le film traite de la responsabilité du commandement de par les vies qui sont liées aux décisions. Avec une économie de moyens criante, mais grâce au talent du réalisateur, la soigneuse pellicule noir et blanc de Lucien Ballard, aux mouvements de caméra fluides, est parfaitement découpée, entretenant un certain suspens. Cela malgré une réalisation en studio, avec de l’écho parfois mal à propos, qui évite de peu le côté stuc et toc.