Comment aborder ce James Bond ? Après Skyfall qui m'a ouvert la voie vers ces films ayant été très représentatifs de leur époque, j'en ai pris un au hasard, et l'impression qu'il me laisse est de ne pas trop savoir sur quel pied danser. D'un côté ce film présente un concept qui surprend forcément le novice : aligner une très (trop) longue série de scènes d'actions toutes plus variées les unes que les autres pendant 2h00 sans temps mort. Moi qui m'attendais à une sorte d'Indiana Jones en mode film d'action/espionnage, je suis resté perplexe. Je ne veux pas juger sur un seul film une saga qui a traverser maints périls, mais ce film est presque un nanar si on adhère pas au concept. Si ces scènes d'actions sont très longues et souvent bien fichues, je m'en suis lassé assez rapidement, malgré le fait qu'on nous fasse voir du pays et que les situations soient extrêmement diverses. La faute à Roger Moore, inexpressif et qui, à force de vouloir à tout prix donner une image british, finit par devenir d'une platitude désarmante. Il a beau tomber d'une vingtaine de mètres dans le vide avant d'être retenu par une corde, pas une ride ne viendra creuser le visage du môsieur, et sans un instant d'hésitation il va reprendre son ascension comme un automate. Il risque sa peau un nombre incalculable de fois sans jamais prendre une expression désespérée. Au bout d'un moment on se fiche comme d'une guigne des méchants, pourtant assez bien interprétés, et on ne s'intéresse même plus à ce qui arrive à notre héros qui doit sa survie plus à un paquet de gadgets qu'à son intelligence. De même pour les James Bond Girl, qui sont certes très sexy mais là aussi d'une fadeur surprenante: dans des situations dangereuses les potiches de nos blockbusters actuelles pleurent ou ont peur au moins, celles de Rien que pour vos yeux sont utiles juste en tant que mannequin. Non content d'être une coquille vide à de multiples niveaux, ce film propose des poursuites désuètes cousue de films blancs, et ces défauts ne sont pas imputables aux effets spéciaux ! Voir James Bond aller plus vite à pied en montant des escaliers qu'une voiture est ridicule, même le spectateur d'époque a du s'en rendre compte ! Et il y en a pléthore, de ces incohérences. Que reste t-il à sauver ? Le parfum d'exotisme fournit par un panel de lieux très large (malheureusement la photographie inexistante n'aide pas à les mettre en valeur), quelques personnages sympathiques comme Chaim Topol dans le rôle de Columbo, une musique trop absente mais qui met de l'ambiance dès que ses premières notes retentissent, et des moments très drôles comme ce savoureux dialogue final avec la reine d'Angleterre. C'est bien peu, surtout pour un tel gaspillage d'argent. D'un autre côté, cela me fait m'interroger sur ce que penseront la prochaine génération des vagues de films de super-héros qui affluent chaque année, et qui caractérisent vraiment les films grand public les plus vus et les plus attendus à l'heure actuelle.