Hitch a vraiment un don pas banal, celui de mettre un couple glamour dans une situation impossible, et de transformer n’importe qu’elle banale histoire d’amour en récit à enjeux cinématographiques intéressants. Chez un autre, ça serait devenu un mélo ennuyeux et larmoyant ; chez lui, c’est une histoire d’espionnage compliquée, avec une trahison, un chassé-croisé amoureux, et la délivrance finale. Tout ça est mit en boîte pour le plus grand plaisir du spectateur, et disons-le clairement, du Brésil où est censée se passer l’histoire, on ne voit rien, pas de Brésil, on a plutôt l’impression que c’est filmé en studio. Cela semble extrêmement simple, pourtant j’ai accroché, car il sait nous accrocher à ses personnages, souvent humains, trop humains, et nous les rendre proches, très proches. Il ménage des surprises avec des gros plans insolites et des savants mouvements de caméra, sans gestes brusques, tout en douceur, toujours, et des dialogues écrits tellement bien que ça semble vrai. Pour ceux qui aiment la grâce du noir et blanc, et les romances bien recadrées par l’œil du maître, c’est pour vous. Pas encore maître du suspense, Hitch, mais ça ne saurait tarder.
Et pour le nez d’Ingrid Bergman aussi, quel nez, mais quel nez ! A mon avis, elle aurait rendu Cléopâtre jalouse. Et je le conseille aussi à tout jeune cinéphile, ça va lui changer de nos beautés siliconées, botoxées, découpées au scalpel, actuelles…Je ne citerai pas de nom. Un gars de théâtre disait à la radio qu’il a demandé à un jeune acteur s’il connaissait Ingrid Bergman, celui-ci avait répondu que non. Alors que lui, à son époque, il connaissait qui était Sarah Bernard, s’en même avoir vu une des ses prestations. En gros il voulait dire que le manque de curiosité des jeunes était affolant, surtout celui des jeunes artistes. Et moi, je compte pour du beurre ? On n’est pas tous pareils, oh…