Succès indéniable dans l’histoire du cinéma, imposant par sa scène choc de dernière minute, « La Planète des Singes » voit peu à peu un prolongement se dessiner. Le Darwinisme inversé reste, sur le plan moral, le discours le plus convaincant à l’époque, afin que l’absurdité de la condition humaine s’affirme aux yeux de tous. Il est d’ailleurs important de rappeler les divergences scénaristiques que les studios ont avec l’auteur français, Pierre Boulle. Ce dernier ne cautionne en aucun cas le dénouement qu’il tend à la controverse, ainsi que cette suite dont il ne voyait pas le même parcours, à savoir le rétablissement de l’ordre.
L’audacieux réalisateur TV, Ted Post, fut notamment choisi du fait de ses réalisations inattendues, que sont « Fais ta prière… Tom Dooley », « Pendez-les haut et court ». Dans le dernier cité, Clint Eastwood se redore l’image et rebondit avec le succès. Hélas, c’est l’effet opposé qui ressort de cette œuvre, clairement en manque de génie et d’inspiration philosophique. Tout ce qui a fait le charme du premier volet sont soit recyclés de manière inoffensive, soit déviés par le facteur historique de l’époque.
On nous propose alors une suite directe au cataclysme philosophique qui avait marqué nos esprits. Cependant, on préfère amorcer le récit par une contextualisation pompeuse. Brent (James Franciscus) est un nouvel astronaute qui croisera la route de Nova (Linda Harrison (I)) et du peuple de primates, dominant la région. Il partage alors un parcours similaire à son collègue. Sa prestation ne surclasse pas celle de George Taylor (Charlton Heston), car l’on ressent le besoin d’investir dans la mentalité du premier personnage, autrefois inabouti. Or, c’est là qu’est tout le mystère et ce qui nous a tant séduit. L’ouverture d’esprit fait partie intégrante du film et si l’on nous enlève cette liberté de réflexion, la trame ne sonnera comme une propagande. Il est d’ailleurs question de soulèvement dans la société des singes, où les plus robustes prennent l’ascendant dans les décisions éthiques. Les sages et les protestants n’ont pas leur mot à dire et perdent en visibilité. Voici le début d’une guerre, guidée par une violence justifiée au nom de la terreur.
Aux commandes de sa folle croisade, Général Ursus (James Gregory) affirme haut et fort ses ambitions dantesques, refusant la fatalité de son existence au détriment de l’humanité. Seuls Docteur Zira (Kim Hunter) et Cornelius (David Watson) continuent de façonner leur théorie sur la maturité d’une espèce. De quoi ravir nos précédents ressentis, mais le sujet tourne à la contradiction, sachant la rébellion dont ils ont fait l’objet. La réintégration reste mal négociée et on passe outre leur ingéniosité, utile dans la sauvegarde de leur propre raison d’être.
Quant au Docteur Zaius (Maurice Evans), il s’avère plus intéressant de voir sa sagesse mûrir, à la vue de la vérité. Cela dit, l’intrigue préfère jouer sur de nouveaux éléments, les décors de nouvelles ruines et plus encore. L’effet fantastique tire sa révérence au moment au le secret dévoile ses origines et son identité. Une communauté mutante devient alors le centre d’attention, que l’on explique que par la course à l’armement nucléaire. Cette réalité reflète les tensions politiques qui existera toujours, dès lors que deux cultures tendent d’imposer leur suprématie. Mêlant cela à la religion, la bombe nucléaire fait l’objet d’un culte paradoxal. Les humains prient cet puissante entité de les protéger alors qu’il porte en lui les radiations, le gourou et la misère sur leur propre identité. On échange donc les enjeux philosophiques afin de mieux appréhender l’état d’esprit de deux nations en détresse et au bord du gouffre apocalyptique qu’il induit.
Il y aura toujours un jugement sans opposition face à la réalisation du « Secret de la Planète des Singes ». L’engouement général ne peut satisfaire cette fâcheuse transition, en réécriture permanente. On recherche sans cesse des réponses, débouchant sur un fait d’époque. Le film aura beau soulever des notions intéressantes, il ne propose pas la bonne démarche afin de combler le manque de sensibilité. La violence prend tout de même plus de sens ici, mais l’on en traite que la surface, dû aux contraintes de réalisation qui ont fragilisé tout les piliers qu’elle devait représenter.