Une chambre d'hôtel comme figuration de l'Au-delà, peut-être l'antichambre de l' Enfer, si ce n'est l'Enfer-même. Deux hommes et une femme sont là enfermés sitôt décédés. Après les questions d'usage (où suis-je? Que vais-je devenir?), chacun fait le point sur ce que fut sa vie et révèle aux deux autres ce qui probablement lui vaut sa place aux enfers : la lâcheté, un infanticide, l'homosexualité. Le sujet de Sartre présente, notamment par la concrétisation de l'Au-delà, une vision fantasmatique, et ludique si on veut, de la mort. Mais cette expression métaphysique et les personnages visent évidemment surtout à servir le propos philosophique (qui nous renvoie à la vie, donc), complexe parfois, de Sartre. Comme dans la vie d'avant, les trois personnages se chamaillent ou s'unissent au gré de leur cas de conscience, de leur sentiment de culpabilité, dans un huis-clos aux allures d'éternité.
Mais on s'ennuie, et cet ennui progressif tient certainement moins au contenu de l'oeuvre théatrale originelle et éponyme qu'à sa mise en scène cinématographique. Les choix de Jacqueline Audry, dans sa tentative de simplification et de vulgarisation, sont contestables et l'interprétation, de plus en plus bavarde, s'en ressent. La direction d'acteurs est bien trop ostentatoire, sinon emphatique. Le film est singulier mais manque d'intensité.