La Brûlure partait gagnant. New York, Meryl Streep, Jack Nicholson, Jeff Daniels... tous les ingrédients pour une comédie romantique parfaite. Jouissant d'un scénario simple mais plein d'émotion qui sent le vécu de son auteure, le film pouvait difficilement rater. Comment s'y est-il pris, alors ?
Car oui, il rate. Alternant rapidement entre les ellipses et les longues pauses dans les plus jolis moments d'une vie de couple qui respire la fraîcheur, il nous place dans une expectative qui dure trop. Quand la brûlure arrivera-t-elle ? Quand Nicholson va-t-il attaquer la porte à coups de hache ? À tout moment, on sait quoi attendre (bon, peut-être pas le dernier truc qui était une métaphore que je faisais du propos antimachiste qui crève les yeux bien avant d'être exposé en clair). Pourtant rien ne vient.
Quand la brûlure finit par arriver, on a déjà passé la moitié du film à manger des dialogues. Beaucoup de dialogues. De jolis dialogues, mais sans rien derrière. À force d'essayer de nous faire vivre un long bonheur naïf pour reproduire violemment la douleur du moment où il vole en éclats, Nichols nous retire tout ce qu'on aurait pu ressentir à cet instant-là. Peu importe alors ce qu'il se passe autour, et si c'est bien interprété : tout apparaît comme futile, et le casting comme gaspillé. Même Nicholson paraît s'ennuyer.
Un bon point : Streep, enceinte pour de vrai, qui joue avec son propre bébé de dix-huit mois. À eux deux (et demi), ils font marcher à coups d'improvisation une alchimie familiale qui déclenche un attachement bien plus crédible, finalement, que celui que nous promettait toute une équipe de professionnels du cinéma.
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