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Caine78
6 703 abonnés
7 398 critiques
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3,0
Publiée le 8 janvier 2014
D'abord, saluons « Marguerite de la nuit » pour ce qu'il est : un film fantastique français ambitieux et abouti à bien des égards, ce qui la rend éminemment fréquentable et respectable. Ne serait-ce que d'avoir transposé les personnages imaginés par Goethe dans le Paris des Années folles montre l'audace de la démarche, la capitale devenant une sorte de théâtre aux couleurs rococo souvent délirantes, le travail sur les décors s'avérant stupéfiant si l'on aime ce genre d'esthétique très appuyée. Tout en gardant ainsi l'esprit brillant et tragique qui caractérisait la pièce, Claude Autant-Lara tente beaucoup de choses, dont certaines très réussies. Plusieurs seconds rôles notamment, donnant à l'œuvre une mélancolie et une tristesse lui donnant quelque chose de magnifique. De plus, certains enjeux scénaristiques sont passionnants, offrant parfois au film une force presque insoupçonnée. Enfin, difficile de ne pas être stupéfait par la classe indescriptible de Michèle Morgan, notamment dans un dernier tiers où elle s'avère profondément émouvante. Dommage alors que l'œuvre souffre de trois problèmes majeurs : l'interprétation de Jean-François Calvé, tellement médiocre qu'on n'imagine pas une seconde une femme pouvoir entretenir une passion aussi forte pour lui (surtout en si peu de temps). A sa décharge, il faut dire aussi que son personnage est à la base plutôt antipathique, rendant encore moins crédible cette histoire d'amour ayant décidément du plomb dans l'aile. Enfin, alors que Faust est un adorable vieillard avant de vendre son âme au Diable, le voilà donc transformé en playboy presque insupportable, alors que la relation entre les deux héros devaient être l'essence même du récit, son point central. Malgré tout, il n'est vraiment pas interdit de jeter un coup d'œil à « Marguerite de la nuit », car si la frustration est réelle, l'entreprise reste suffisamment séduisante, originale et surprenante pour que l'on y trouve une certaine plénitude, notamment à travers un dénouement du plus bel effet.
Le film reprend la légende Faust en la modernisant, et s'inspire du roman éponyme de Pierre Mac Orlan. Un vieillard (Dr Faust) vend son âme au diable (Méphistophélès) en échange de retrouver sa jeunesse. Mais il saura mal utiliser le temps qu'il lui aura été donné en plus. Très beau film d'Autant-Lara. Film à thème philosophique (la jeunesse, la mort, l'amour) présenté dans le monde contemporain (1955). Belle réalisation à parti-pris non-réaliste et esthétique, dans des décors très réussis. C'est un monde très coloré, très schématique, mais d'une grande force picturale et poétique. Les acteurs sont excellents (Michèle Morgan, Yves Montand). Les dialogues sont d'une grande qualité. C'est une oeuvre majeure dans le cinéma français. Film qui doit être réévaluer.
En revisitant après Murnau, le mythe de Faust en s’inspirant du roman de Pierre Mac Orlan, Claude et Ghislaine Autant-Lara transposent le mythe dans le Paris des années folles. Avec l’aide de son compère Max Douy, le réalisateur habille « Marguerite de la nuit » de décors qui rappellent ceux des scènes des comédies musicales de l’époque, mais avec une absence de mise en abîme quelque peu perturbante car il est presqu’impossible de s’en affranchir. Pourtant Yves Montand est génial, pas loin du côté distancié d’un Robert Mitchum, sauvant par instant cette histoire qui se prend trop au sérieux, basculant totalement dans le mélodrame. Cette dernière partie permet à Michèle Morgan une interprétation pleine de classe et d’émotion. Malheureusement Jean-François Calvé qui interprète le Dr Faust rajeuni, détruit toutes les scènes dans lesquelles il apparaît, tant son jeu approximatif oscille entre le contre temps et l’outrance. De plus, des seconds rôles plus au moins heureux, se dégage véritablement le seul Louis Seigner. Enfin, même si le montage est suffisamment habile pour maintenir le rythme tout en tentant, sans succès, à masquer les plans et mouvements de caméra aberrants d’une photographie hésitante par instants quant à ses choix esthétiques. Le cinéma fantastique peut emprunter trois chemins : l’horreur, la parodie, le rêve. « Marguerite de la nuit » n’en suit aucun, mais se range assurément parmi les navets.
Une revisite du mythe de Faust intéressant avec un Montand parfait dans un rôle de Méphisto moderne qui recèle une faiblesse, le reste est un peu plus ennuyeux.
Voici un film que l'on peut qualifier d''oeuvre originale et ''inclassable'' tant le mythe est universel et tant le deuxième degré (intellectuel) est poussé loin. Tout d'abord la mise en scène qui est parfaite avec l'aide de Max Douy dont le nom et la mémoire ne sont pas assez souvent mis à l'honneur. Les décors et leurs couleurs sont exceptionnels en permanence et plus particulièrement, au début avec les couloirs de l'Opéra ou les personnages inconsistants de la boite de nuit, à la fin dans les ruelles et lors du départ du train. Le scénario totalement inventif, cohérent et riche en interprétations diverses toutes aussi intéressantes les une que les autres. La musique est diabolique à souhait et jamais je n'ai trouvé si bon Yves Montand, le personnage du Diable lui allant divinement. Ce pur cinéma mériterait une mention très bien avec félicitations du jury. C'est en tous cas un film incontournable pour tous les cinéphiles à voir de préférence en ciné club pour y partager ses points de vue. Pour ma part, j'ai deux critiques; tout d'abord Jean-François Calvé dont je ne comprends absolument pas la façon de jouer même si j'admets que le diable lui ait menti sur son devenir, il a gâché mon plaisir; ensuite Michèle Morgan beaucoup trop âgée et trop bouffie pour déclencher une si soudaine passion physique. Nous sommes si loin de Pandora, or Marguerite ne peut être qu'une Pandora. Claude Autant-Lara devrait être revisité par la génération actuelle pour laquelle le cinéma est une part de bonheur, il y a pour tous les goûts et tous les publics et à la sortie une exigence de qualité demandée augmentée.
Adaptation d'un roman de Pierre Mac Orlan, l'histoire est une variation modernisée sur le thème de Faust, d'ailleurs déclinée ici par un de ses lointains descendants. Le docteur Faust rencontre un soir Monsieur Léon (Yves Montand), directeur de cabaret et envoyé du Diable à ses heures. Comme il se doit, tous deux pactisent (la jeunesse contre l'âme) afin que Faust, ému par la détresse sentimentale de la romantique Marguerite, séduise la chanteuse de cabaret. L'étrangeté du film repose pour beaucoup sur le dépouillement du récit et sur l'esthétisme glacé, irréel, superbe, des décors qui s'inspirent de l'expressionnisme allemand. Le film est très séduisant sur la forme. En revanche, à peine Faust a-t-il retrouvé ses vingt ans, son histoire d'amour sombre déjà dans un romantisme emphatique très pénible. Le jeune Faust, irrascible et brutal, aime mal Marguerite, laquelle saura, elle, se sacrifier pour son amant. Les deux acteurs sont mal assortis et composent médiocrement ce couple d'amants maudits. Ils surjouent et cette énième declinaison d'un amour impossible n'a pas la poésie des films de Carné et Prévert qu'Autant-Lara semble vainement vouloir ressusciter. Jean-François Calvé est carrément insupportable autant parce qu'il est nul que parce qu'il répond à des critères de beauté (cette mèche blanche sur sa mise en plis!) d'une autre époque. Dès lors, cette histoire d'amour- car c'en est une au-delà de son formalisme- agace er n'emeut pas.
Après Murnau, c'est au tour de Claude Autant-Lara de retranscrire le mythe de Faust datant du XVIème siècle sur grand écran. Il nous emmène dans le Paris des années 1920 suivre le docteur Faust qui, sortant d'un opéra, fait la rencontre d'une personne énigmatique qui va bientôt lui proposer un pacte...
C'est à bien des égards que cette adaptation des contes de Faust créé par Goeth est remarquable. Déjà, elle brille par sa manière de nous transporter dans le Paris des années folles, un Paris idéalisé mais magnifique qu'il met très bien en valeur. Le début de film est excellent où il braque la caméra sur ce vieux docteur Faust qui regrette sa jeunesse et constate le temps qui passe...
Mais.... car oui, il y a malheureusement un "mais". Dès lors le pacte scellé entre Faust et Méphisto, le film pêche par quelques défauts à commencer par l'évolution du personnage de Faust qui devient vite énervant et antipathique et surtout elle est trop rapide ainsi que guère convaincante (notamment sa relation avec Marguerite) et Claude Autant-Lara peine à vraiment la développer et à en faire ressortir l'émotion. De plus, il bénéficie d'un jeu d'acteur fort défaillant. Si Yves Montand est remarquable en diable, charismatique, manipulateur et malin à souhait, Jean-François Calvé souffre terriblement de la comparaison et s'avère mal dirigé. Pas aidé par l'évolution de son personnage, il n'a ni le talent, ni le charisme pour interpréter Faust. Sa partenaire Michèle Morgan, à défaut d'être transcendante, s'en sort un peu mieux.
C'est d'autant plus dommage qu'à côté de cela, "Marguerite de la nuit" retranscrit bien les enjeux et dilemmes des personnages, d'un vieux Faust voulant retrouver sa jeunesse par amour à une Marguerite prête à tout pour aider Faust. Il donne une dimension mélancolique et tragique à l'oeuvre, autour de l'amour, la nature humaine et le temps. De plus, il use à merveille des différents décors et d'un jeu de lumières saisissant pour nous transporter dans un Paris des années folles colorées et agréables.
Bref, déçu et charmé à la fois, une oeuvre qui me laisse un sentiment bizarre tant son début est excellente où on est transporté dans le Paris des années folles avec un Yves Montand génial en diable mais une évolution du personnage de Faust décevante et mal interprétée...