A le revoir aujourd'hui, le film de Pierre Gaspard-Huit a au moins deux mérites: nous rafarichir la mémoire à propos de l'oeuvre célèbre de Théophile Gautier, tout en ressuscitant les sensations de jadis, sinon le plaisir, lorqu'on trouvait attrayants les films de cape et d'épée de jean Marais.
Il n'y a pourtant pas lieu de s'enflammer ici, et la valeur du roman de Gautier ne se mesure pas au scénario qu'il inspire. Les aventures du baron de Sigognac, aristocrate désargenté et pas fier, rejoignant une troupe de théatre dans laquelle il compose le bravache Capitaine Fracasse, relèvent d'une intrigue courante dont la rivalité entre Sigognac et le méchant duc de Vallombreuse, à propos de la gracieuse comédienne Isabelle, est le noeud. Les personnages sont typés dans un genre romanesque commun, voire primaire. Jean Marais joue les vaillants héros sans peur ni reproche, Geneviève Grad en rajoute dans le style de la prude et romantique vierge, tandis qu'on ne comprend pas pourquoi Louis de Funès, presque vedette confirmée à l'époque, dans le rôle de Scapin, a si peu de choses à faire et à dire. Il se rattapera bientôt avec les Fantômas en volant la vedette à Jean Marais.
Les duels à l'épée sont nombreux mais constituent un spectacle chorégraphique assez vain. La seule originalité du film, peut-être, est d'avoir confié au beau Gérard Barray le rôle de l'odieux Vallombreuse, lequel sera bien puni lorsqu'il apprendra que la douce Isabelle qu'il convoite
est sa soeur!
La révélation de cet imbroglio familial, tellement classique depuis Molière notamment, fait un rebondissement plutôt vaseux.