Comédie coécrite par Louis de Funès et Jacques Besnard, qui est aussi à la réalisation, Le Grand Restaurant est un long-métrage à deux visages. L'histoire nous fait suivre Monsieur Septime, le patron d'un grand restaurant parisien sur les Champs-Elysées, fleuron de la gastronomie française, aussi tyrannique avec ses employés qu'obséquieux avec ses clients. L'affaire tourne à merveille jusqu'au jour où sa vie est bouleversée par l'enlèvement d'un chef d'Etat d'Amérique du Sud dans son prestigieux établissement, et tous les soupçons s'orientent vers lui. Ce scénario nous embarque pendant un peu moins d'une heure et demie dans une intrigue débutant d'une façon très drôle en nous faisant suivre le quotidien de ce chef traitant ses collaborateurs, aussi bien en salle qu'en cuisine, de manière dictatorial. Sa façon de manager son personnel est très drôle et chaque situation saugrenue parvient à faire mouche lors de ces services bien huilés mais comportant tout de même quelques imprévus accouchant de scènes inspirées. Seulement, passé la première demi-heure, l'intrigue prend un tournant faisant basculer la suite des mésaventures dans un film plus axé sur l'action et les courses poursuites. Ce revirement de situation n'est pas des plus réussi tant il s'éloigne de ce qui nous faisait rire. Plus les minutes passent et moins la suite du récit s'avère amusante, devenant même redondant, finissant même par comporter des longueurs. Cela est franchement regrettable. Cela n'empêche par pour autant Louis de Funès de s'en donner à cœur joie dans ce rôle taillé pour lui. Sa gestuelle, ses mimiques, ses grimaces, ses bruits de bouche, sa posture très théâtrale, tout cela réuni fait de lui un excellent dirigeant. Il est entouré par une distribution très riche vu tous les souffres douleurs sous ses ordres interprétés entre autre par Bernard Blier, Folco Lulli, Venantino Venantini, Maria-Rosa Rodriguez, Paul Préboist, Noel Roquevert, Raoul Delfosse, Max Montavon, Roger Caccia, Jean Ozenne, Pierre Tornade, Maurice Risch, Guy Grosso, Michel Modo ou encore Jacques Dynam. Tous ces rôles entretiennent des relations de soumissions particulièrement marrantes, soutenues par des dialogues succulents. Sur la forme, la réalisation de Jacques Besnard s'avère de qualité. Sa mise en scène évolue avec fluidité dans cet établissement chic ainsi que dans les rues de la capitale. Ce visuel raffiné est accompagné par une b.o. aux compositions dans le ton en accord avec les situations et les images signée Gilbert Natot. Cet incident gastronomique s'achève sur une fin convenable venant mettre un terme à ce sympathique visionnage. Car oui, Le Grand Restaurant est un film divertissant méritant le coup d'œil, même s'il déçoit un peu par rapport à son départ en fanfare.