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ClashDoherty
228 abonnés
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5,0
Publiée le 27 août 2007
Proprement hallucinant, le film de Arrabal se vit plus qu'il ne se regarde (comme ce sera aussi le cas de "J'irai comme un cheval fou", 1973). Séquences choc comme l'égorgement du boeuf, mais aussi quelques passages plus poétiques (enfin, la poésie surréaliste Panique chère à Arrabal, Jodorowsk et Topor - qui a conçu le générique). Musique inoubliable, enfantine, légère, pour un film puissant, dur, mais essentiel. A voir, absolument.
"Viva la muerte" est un cri de révolte qui évoque la guerre civile espagnole de manière complaisante mais cathartique à travers la relation entre une mère bigote et hypocrite et son jeune fils traumatisé par la disparition de son père, dénoncé par la mère aux autorités. La mise en scène réaliste et dépouillée de leur relation sadomasochiste côtoie des collages fantasmagoriques morbides, gores et scatos lourdement symboliques représentant les ravages de la dictature sous toutes ses formes, le tout accompagné d'une comptine enfantine récurrente qui contraste ironiquement avec la violence des images et accentue le malaise. C'est grâce à Jack Lang que ce film a échappé à la censure de l'époque. 40 ans après sa sortie certaines images, malgré leur côté brouillon, n'ont rien perdu de leur pouvoir choquant.
Et si le fascisme était une forme particulièrement insoutenable de la lâcheté ? Viva la muerte est un grand film politique, éprouvant et surtout très beau.
(...) Voici donc le jeune Fando qui découvre que sa mère qu’il adore a accusé son père d’athéisme (puisque communiste) et d’antifascisme. Il se met en quête du père, se l’imaginant cruellement torturé… Le tumulte de l’époque autant que le désarroi de Fando motivent une avalanche d’images de souffrance et de haine puisant dans les représentations de la culture populaire autant que dans les références religieuses. La force de cette poésie de l’horreur est toujours opérante et justifie pleinement la restauration de ce film d’avant-garde « magique » qui ne fut pas sans influence sur le cinéma tunisien. (extrait du compte-rendu du festival de Cannes 2022 sur Africultures)
Le contraste entre la petite comptine pour enfants, qui revient en leitmotiv pendant tout le film, et la violence des images est particulièrement saisissant. Arrabal adapte son autobiographie Baal Babylone à l'écran et dénonce les horreurs du fascisme, de la religion catholique, deux "fléaux" qui génèrent, à ses yeux, sadisme, masochisme, délation, humiliation... Le réalisateur présente un collage de scènes narratives et de tableaux surréalistes dans l'esprit du mouvement Panique (créé avec Topor et Jodorowski). Lyrisme fiévreux, outrance absolue, à la limite parfois du supportable (visions scatologiques et sanglantes). Arrabal règle ses comptes avec son passé, son pays, sa famille, laissant libre cours à ses hallucinations rageuses. Un symbolisme choc et déstabilisant. Une expérience rare, mais rude. Le générique, très original, a été conçu par Topor.