Un film français traitant de la politique, voilà qui est assez rare. Et quand on voit que Jean Gabin tient le rôle principal, il n’en faut pas plus pour être très tenté. Et on est effectivement loin d’être déçu. Encore plus truculent et grande-gueule qu’à l’accoutumée, Gabin incarne ici une sorte de Clemenceau de la Quatrième République, qui profite de sa retraite pour écrire ses mémoires. Mais lorsqu’il apprend que son ancien chef de cabinet, incarné par le toujours excellent Bernard Blier, risque de devenir le prochain président du conseil, il va être contraint de revenir dans le jeu pour lui barrer la route. Bref, ça va faire des étincelles, pour notre plus grand plaisir !
Le film a pour lui deux énormes atouts, que l’on pressent à la seule lecture de la fiche technique : les monstrueux dialogues d’Audiard, et un Gabin non moins monstrueux pour les réciter. Il faut certes aimer un tant soit peu la politique pour bien apprécier mais si c’est le cas alors c’est un pur régal. Le film n’élude rien et tout le monde en prend pour son grade : corruption, attrait du pouvoir, politique politicienne, bref la totale ! Le tout sans prendre partie pour aucun courant politique, ce qui est à mon avis indispensable dans ce genre de film. Au centre de tout ça, il y a bien entendu l’inimitable Jean Gabin, qui nous offre quelques répliques dont seul Audiard a le secret (« quand on a une ambition comme la votre, on dirige un bordel, pas un état ! »). Le film compte certes quelques petites longueurs mais balayées par son lot de scènes inoubliables ; en particulier le mémorable discours à l’Assemblée et la confrontation finale Gabin/Blier. Globalement, chaque réplique ou presque fait mouche, et les questions soulevées sont encore tristement d’actualité, mention spéciale pour le discours sur l’Europe.
Bref, à la sortie de ce film, une seule conclusion : Gabin président ! Comparé à Hollande et autres Sarkozy, c’est quand même autre chose…