Réalisé en 1994, soi la même année que Pulp Fiction, Oliver Stone adapte à l'écran le scénario de Quentin Tarantino, et fait de l'histoire un vaste terrain de jeu, malsain et comique à la fois. Le film est à l'image du couple qu'il présente : déjanté. Harrelson et Lewis sont un couple de jeune tourtereaux, lancés à pleine allure dans le pays, tuant à volonté. Ce film est intelligent car en raison d'un battage médiatique impressionnant, nous pouvons admirer comment les médias vont retourner la situation et peu à peu réussir à faire idolâtrer ces tueurs nés, au point que pour certaines jeunesses, ils deviendront des symboles, plus que des idoles. Et c'est là toute l'histoire : nous assistons, désespérés, à un revirement total de situation. Ce couple ayant tué plus de cinquante personne ( il me semble ) va être porté par une génération, alors qu'ils devraient susciter les haines des plus virulentes. Les médias se chargent se renverser les rôles à grands coups d'image chocs, de promos commerciales et d'interview. Wayne Gale ( Robert Downey Jr ) est pour moi le meilleur personnage de tout le film, car il contribue massivement à insuffler à l'incroyable interview ( et au film tout court ) qu'il donne lui même à Mickey, une telle impression de surréalisme. L'échange entre Downey Jr et Harrelson est bluffant. Tout deux discute de l'impureté du meurtre, traite de ses effets psychologiques, et des conséquences de la chevauchée meurtrière auquel le couple a prit part. La part philosophique de l'interview est tellement bien traitée qu'elle devient pour moi la meilleur intention du film. Natural Born Killers se fait le bourreau d'une presse grand public, avide d'images sanglantes qu'elle peut refourguer à un public qui a soif d'ultra violence. C'est la société toute entière qui est prise à partie par Stone, et celui-ci ne recule devant rien pour parachever son œuvre provocatrice. Côté stylistique le film me rebute un peu : l'image qui prend un format en noir et blanc de manière hasardeuse ( restriction budgétaire se répercutant sur la pellicule peut être ? ), plans furtifs de monstres, de mangas, plan subjectifs incertains, caméra à l'épaule vacillante, quelque chose m'échappe. Surdose de violence, acteurs convaincants, côté burlesque, un vrai melting pot.