Crom ! Voilà un achement bon divertissement, et en plus c'est de la Fantasy dites vous ? De la Fantasy classique par R. E. Howard ? Reprise par un certain John Milius encore peu connu à l'époque, mais historien dans l'âme, et c'est que ces loustics adorent les combats démesurés bien sanglants accolés à une foultitudes de détails artisanaux. Bref, c'est le début des eighties, où la notion de blockbuster vient d'être inventé, et va être expérimenté pendant dix années de pur délire. Dans ce contexte les projets les plus dingues peuvent naître, et Conan va voir le jour. Son envergure est énorme, les moyens sont aisés et le tournage sera une véritable épreuve. Non seulement toutes les épées doivent être forgées par un expert en la matière, mais les acteurs doivent s'entraîner sous la houlette d'un maître d'arme chinois, apprendre à monter à cheval, à chameau, à escalader...blessures il y aura et les difficultés poindront à tout va. Mais le résultat n'équivaut à rien de ce que l'on peut voir aujourd'hui. Tout est réalisé à la main, pas de numérique, le vrai rejaillit de chaque images, et c'est un plaisir incomparable. Les paysages et les décors de villes, de camps ou de temple (édifice gigantesque sortant d'une montagne, construit grandeur nature, rappelant les vieilles superproductions phénoménales à la Cecil B. De Mille) se marient en une harmonie parfaite. On se sent dans le monde de Conan, on croit à l'âge Hyborien. Milius a choisi ses acteurs pour leur incarnation physique des personnages de R.E. Howard, ce qui renforce encore plus l'impression que l'on a de plonger dans un univers à part. Arnold Schwarzeneger était pressenti depuis longtemps, jeune acteur en vogue, mais c'est Conan qui lui permettra de forger ses lettres de noblesses. A vrai dire, le rôle lui convenait parfaitement, et le travail qu'il a réalisé sur le personnage est quasi uniquement visuel, mais il est monstrueux. Il a fallut qu'il s'initie à un panel de techniques ultra sportives, dangereuses et variés, afin de réaliser toutes les cascades lui même. Et n'est-ce pas finalement ce qui représente le mieux Conan ? Le fait de croire en la puissance du corps, à son efficacité redoutable lorsqu'on le perfectionne ? Bref il avait Conan dans le sang et personne ne pourra le remplacer tant qu'il vivra, certainement pas Marcus Nipsel dans ce ridicule remake de 2011. Sandhal Bergman était l'actrice la plus parfaite dans le rôle de Valéria, peut-être encore plus que Schwarzeneger ne l'est en Conan. Souple et athlétique, elle délivre une vraie force à l'écran, une personnalité qui marque un poil davantage que celle de Conan. Ben Davidson est très attachant en Rexor, on veut qu'il reste en vie malgré son rôle secondaire. James Earl Jones peut paraître un peu kitsch de prime abord pour le spectateur d'aujourd'hui, mais peu à peu son personnage se met à luire de malveillance cruelle mêlée à de la sagesse, et son méchant achève de se sacrer aux yeux du public en terminant sa vie en « mode Dark Vador ». Max Von Sydow offre une interprétation très théâtrale du roi Osric, et ainsi le monarque reste mémorable malgré sa faible durée d'apparition à l'écran. Les effets spéciaux résident dans un gigantesque serpent animatronique très réussi, et en quelques artifices magiques crées à l'aide du numérique (ses premiers pas à l'écran, dont la révolution sera Tron l'année suivante). Sinon les batailles, nombreuses et sauvages, sont joués en direct, ne présentant que les trucs classiques de cascadeurs, prothèses et autres. Le rouge gicle à flot, les têtes bondissent et les membres sont tranchés dans un tournoiement d'acier et de cris guerriers on ne peut plus jouissif. Milius a su gérer son film de manière à ce que les temps morts soient peu nombreux, et le spectacle est quasi constant. Le frisson épique surgit quant à lui lors de l’assaut final dans les pierres mégalithiques, sublimé par la scène dramatique qui suit, donnant dans la tragédie shakespearienne sans oublier l'aspect barbare. La géniale musique de Basil Poledouris achève de mettre en branle ce monde de ténèbres et de magie, où le grondement infini de la terre se ressent autant que les corps sculptés et dorés sous le soleil qui s'y mouvent. La violence règne, nous sommes à un âge préhistorique, les instincts primitifs dominent la planète, et par conséquent, c'est la loi du plus fort : celle de Conan.