Cette adaptation des romans de Robert Howard est devenue cultissime, n'en déplaise à certaines mauvaises langues qui jugent ce film ridicule. Cette oeuvre héroïque pleine de fureur fut à sa sortie un véritable événement, un triomphe, propulsant la carrière d'Arnold Schwarzenegger qui était de toute évidence le plus apte à endosser ce rôle, sa carrure était à l'époque impressionnante. Acteur encore peu expérimenté, il impose un charisme indubitable.
Le film lança l'heroic fantasy en France, dans le style "peaux de bête et gros serpents" qui se démarque de la fantasy à l'anglaise si on peut dire, de type Tolkien, plus subtile et plus travaillée ; on y voit en effet des lourdauds à grosses épées, des sorciers puissants et des combats bien saignants...
Le film s'ouvre sur la citation de Nietzsche : "Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort", avant un prologue mystique en voix-off qui pose l'ambiance : nous sommes bel et bien dans un passé légendaire. Puis c'est le générique sur une musique grandiose de Basil Poledouris, et l'attaque d'un village paisible à l'aide d'images évocatrices.
Il est certain que la mise en scène de John Milius, l'ambiance féerique créée par les décors baroques, les costumes de peaux de bête, l'imagerie pleine de symboles (armures agressives, décors extérieurs, postures de Valeria et de Conan...), ainsi que le jeu monolithique de Schwarzy ont rendu cette épopée brutale très crédible. Le combat final ,très violent, même en 1981, à coups de hache démentielle, avec de gros jets d'hémoglobine, apportait un puissant réalisme, c'était du jamais vu à l'écran. L'assurance de Schwarzy, sa belle gueule, son impressionnante musculature et sa voix aux accents germaniques encore peu américanisée, furent des atouts pour le personnage.
A cela s'ajoute un élément qui pour moi est d'au moins 50% dans la réussite du film : c'est la B.O. spectaculaire, puissante, envoûtante, écrite par Poledouris, qui parvient à donner une réelle intensité aux scènes d'action, aidée par des passages lyriques aux accents wagnériens avec des choeurs et des instruments peu usités ; cette partition servira à merveille le film, et jamais son auteur ne retrouvera une telle fougue et une telle inspiration dans ses autres compositions.
Bref, une fresque sensationnelle à l'incontestable souffle épique, tournée sans effets numériques et qui tient encore la route, un pur joyau qui écrase sans problème le pâle remake de 2011.