Conan le Barbare marque un gros tournant dans l'univers de l'heroic fantasy au cinéma. En effet, jamais le genre n'a été aussi réaliste, aussi poétique ni aussi passionnant. Réalisé par John Milius (Le Lion et le Vent) et scénarisé par un Oliver Stone pas encore reconnu comme metteur en scène mais auréolé grâce à son scénario poignant de Midnight Express, le film met en scène une histoire violente, surréaliste et envolée qui parvient néanmoins à proposer des instants de grâce où aucun dialogue n'a besoin d'être prononcé pour s'émerveiller devant un tel chef-d'œuvre, Milius laissant parfois les vastes décors et l'inoubliable musique de Basil Poledouris parler à leur place... Un prologue sanglant et l'histoire commence avec ce Cimmérien orphelin devenant tour à tour esclave, gladiateur et vagabond, traversant les âges pour devenir le plus grand guerrier à avoir foulé ce monde plein de magie et de dangers. Cet univers féérique, Milius le filme avec prudence, n'offrant au spectateur que quelques moments fantastiques qui créent la magie tout en s'en éloignant (une sorcière mangeuse d'hommes, un sorcier aux allures de charlatan, un serpent géant et puis basta). Nous sommes dans un film d'heroic fantasy finalement sobre où priment avant tout la bestialité des personnages et la beauté des décors naturels. C'est d'ailleurs là où Conan le Barbare devient un véritable chef-d'œuvre et pas un simple film d'action : les plans magnifiques dignes de fresques fantasmées, la musique bouleversante de Poledouris, le réalisme saisissant de cet amas de séquences virulentes... On est immédiatement plongé dans ce monde barbare sans pouvoir y détourner le regard. Conan, c'est Arnold Schwarzenegger, la brute épaisse quasi-muette, le colosse au corps d'athlète. Un ancien culturiste qui n'a à son actif qu'une poignée de nanars et qui arrive pourtant à s'imposer et à camper LE Conan des écrits de Robert E. Howard (bien que de nombreuses différences restent présentes, au grand dam des fans). Triste, brutal, conquérant, Arnold Schwarzennegger arrive à laisser paraitre des émotions tout en restant monolithique. Le reste des personnages sont à l'image de notre héros : hauts en couleur sans tomber dans le caricatural grossier et sans panache, bien au contraire. En bonus, le film propose des combats monstrueux d'un impact inouï, à l'image de l'affrontement entre Conan et le serpent géant ou encore l'embuscade finale contre Rexor, Thorgrim et les sbires du terrible Thulsa Doom (James Earl Jones, sûrement un des plus terrifiants méchants de l'histoire du cinéma)... Au final, Conan le Barbare est bel et bien un chef-d'œuvre de fantasy au charme intemporel, un film résolument épique qui refuse coûte que coûte de vieillir.