Plus qu’un simple film d’action, un grand poème épique, le plus grand poème épique jamais écrit pour le cinéma ! Le Conan de John Milius n’a rien des affreux nanars qui ont suivi. C’est une ode à la liberté de l’homme, à son éternité cachée et révélée dans le foyer de l’instant. Celui qui le sépare à jamais de la mort et de l’anéantissement comme on continue à chanter Achille ou Roland. Dans des paysages âpres, sauvages, hostiles, l’Homme le dispute aux bêtes et aux Dieux pour entrer dans la Légende des Siècles. Mythique Schwarzenegger en Conan mutique et violent forgeant sa propre légende ; mythique Earl Jones en Thulsa Doom, charismatique et hypnotique poursuivant la sienne dans le grand tumulte d’une symphonie saturée de cuivres et sauvagement battue de timbales et de cymbales qui, à elle seule, est une performance en soi à part entière !
Entends ce grand battement d’ailes. C’est celui des Dieux qui s’éveillent dans le quartz !... Mais cette clameur par-delà, joyeuse et féroce, c’est la notre. La notre, à nous les hommes qui, allongeant notre ombre et notre Âge sous le grand ciel, avons jaillis, libres, des profondeurs de la roche avec le secret volé de la forge ! Par devant cette ombre, l’orage qui approche, par devant cette moiteur, le souffle du Grand Serpent cosmique, nous avons levé nos lances ! Nous les avons ramenées en une seule et même grande ligne de force. Nous avons appris à tailler puis polir la pierre. Nous avons appris à fondre le bronze avec le cuivre et l’étain dans nos bas fourneaux et puis le fer coulant en fusion de nos hauts fourneaux pour découvrir l’acier par l’alchimie de la cémentation ! Maintenant l’air vibre à nos tempes fiévreuses que les grands tambours de guerre tendus de peaux humaines frappent comme des cœurs à vif ! Ô Dieux, entendez par dessus la nuée des batailles notre cri qui réclame la consumation de notre être tout entier dans l’action et la victoire ! Ô Dieux sauvages, ô Dieux primordiaux, ô Dieux du Minéral, de la Forge et de la Guerre, ô Dieux du Foyer, de l’Abondance et des Moissons, voyez la colère de vos fils ! Votre temps est compté désormais au profit de celui qui nous annonce ! Voyez ce qui nous forge : cet alliage de nos chairs à nos volontés et que nous vous opposons ! Nous nous libèrerons de la tyrannie des Prêtres et des Fourbes qui vous servent ! Nous irons jusqu’à vos ventres, ô Dieux ! Car nous sommes devenus des Dieux que leur puissance emporte !