Hairspray il faut le dire, est un film qui distille peut-être une ambiance très sympathique, mais dont le propos reste restreint. Waters semble beaucoup s’amuser, lui et ses acteurs, dont quelques récurrent de ses films à l’instar de Divine, mais je n’ai pas trouvé assez de consistance dans ce métrage.
Ok, il y a un message anti-raciste, et celui-ci est amené avec un humour noir qui parvient parfois à faire mouche, mais malgré cela, et malgré le punch de l’ensemble, c’est décousu. Waters accumule les séquences disparates, dont le seul liant véritable c’est la folie contagieuse de la forme et l’héroïne. En fait on ne sait pas trop où veut nous mener Waters, nous faisant essentiellement partager une tranche de vie de l’héroïne et une tranche de vie des années 60, sur une tonalité vive, colorée et volontiers drôle, mais au scénario superficiel.
En somme, il ne faut pas voir Hairspray pour le fond, d’ailleurs on se croirait parfois dans une succession de vieux épisodes de séries TV des années 80, vous savez du genre Alf (sauf qu’ici il n’y a pas l’extraterrestre). D’ailleurs Waters, sans abandonner totalement sa verve incisive, se montre plus mesuré et moins underground ici.
Sur la forme Waters nous livre un film coloré, qui, comme souvent chez lui, est marqué par l’exagération, la caricature, et le kitsch volontaire. C’est vitaminé, la mise en scène est alerte, les chorégraphies dansées sont sympathiques, la photographie est colorée et les décors nous renvoie dans des années 60 exubérantes et excentriques à souhait. C’est donc agréable à voir, avec un vrai style, et la bande son excellente, délicieusement rétro, ajoute encore à cette atmosphère d’un autre temps.
Le casting est hétéroclite. On retrouve des vétérans du cinéma de Waters, avec en tête Divine, qui s’accapare deux rôles (dont un surtout), des stars du showbiz, genre Deborah Harry, et des quasi-anonymes à l’époque qui n’ont d’ailleurs pas forcément fait une grande carrière derrière, comme Ricki Lake qui campe l’héroïne. Dans l’ensemble cet hétéroclisme est agréable (et pas seulement marketing), car il est mis au service de personnages très excentriques, parfois excessifs, qui se marient bien à cet univers patchwork que nous crée Waters. Ricki Lake est excellente dans le rôle principal, et elle apporte aussi une certaine fraicheur dans un cinéma un peu engoncé dans ses codes : on a ici une héroïne en surpoids, et dans un film où ce surpoids n’est pas uniquement considéré comme un poids justement.
Franchement, Hairspray est un film assez foutraque, qui se laisse cependant voir sans déplaisir. C’est plus une succession de scénettes décousues par moment, mais malgré ce manque de relief, et la façon assez caricaturale avec laquelle Waters délivre son message sur la tolérance, c’est assez coloré et enlevé pour susciter l’attention. 3