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Un visiteur
3,5
Publiée le 14 septembre 2013
Dès les premières notes de Georges Delerue au générique, La Nuit américaine donne un avant goût de chef d'oeuvre absolu. C'est vrai que c'est formidable de montrer avec une telle foi comment se réalise un film (en grand critique de cinéma qu'il fut, Truffaut n’oublie pas d'accorder une importance majeure aux rêves personnels du cinéaste, ici une fascination pour Citizen Kane, dans l'orientation de son oeuvre). C'est vrai qu'arriver à faire un film avec des bribes de scènes, un joyeux bric-à-brac mécanique, des acteurs dont le réalisateur doit ménager l'ego, cela semble relever du miracle. Surtout lorsque cet ensemble réussira peut-être à faire rire, pleurer, réfléchir le spectateur, alors là, ça devient proprement magique. Mais Truffaut nous montre aussi un petit univers du grand écran, sous cellophane, et aux préoccupations globalement assez superficielles. Comprenez ici: le cinéma est un art magique qui transforme le futile en un souvenir d'éternité. Truffaut est un magnifique réalisateur qui a contribué à révolutionner son art; rappelez vous les 400 coups et A bout de souffle dont il a co-écrit le scénario avec son (ex)ami, J-L Godard. Ex-ami, oui. Car le film de Truffaut à donné lieu à un fâcheux échange épistolaire entre les deux hommes, l'un (Godard) reprochant à l'autre d'être entré dans une logique américaine d'embellissement béat de la réalité pour viser le succès (un art bourgeois en somme), l'autre reprochant à l'un son obstination idéologique et son manque d'ouverture d'esprit. De cet échange naissait une rupture définitive entre Truffaut et Godard. Voilà pour la petite histoire. Pour le reste, je n'ai pas vu le chef d'oeuvre devant lequel tous tombent en admiration; contrairement à Godard, j'y ai vu un honnête bon film qu'il était utile de faire pour qu'enfin tous puissent connaître les éléments les plus pratiques de la fabrication d'un film (même si, personnellement, je préfère la façon très imaginative dont Fellini peut traiter du même sujet dans Huit et Demi), mais qui ne vous rend pas plus amoureux du cinéma que vous ne l'étiez déjà.
La nuit américaine renvoie au terme du cinéma qui signifie "tourner une scène de nuit en plein jour". F. Truffaut n'est plus un débutant lorsqu'il tourne ce film, il a déjà derrière lui des oeuvres reconnues par la critique ainsi que par le public. Ce film relate l'histoire d'un tournage d'un long-métrage, dont la trame, classique, peut faire penser à un téléfilm sans prétention. C'est avant tout l'occasion, pour F. Truffaut, d'évoquer son rapport au cinéma, aux actrices et aux acteurs. Les dialogues sont très bien écrits ("Le cinéma, c'est comme un train qui avance dans la nuit..."), les interprètes (J.- P. Léaud, J. Bisset, N. Baye...) sont tous excellents et la B.O. composée par G. Delerue est marquante et envoûtante. Si ce film a été critiqué par J.- L. Godard, il reste un incontournable au sein de l'œuvre de F. Truffaut... A ne pas laisser passer :-).
La réalité du cinéma chez François Truffaut. Quelle grande idée du cinéma, le cinéma totalisant. Comme une béquille qui aura soutenu le cinéaste toute sa vie, dans sa jeunesse, déjà. Un plaidoyer vibrant qui s’offre au cinéphile comme une vérité.