Ce film, un des premiers du réalisateur, est unique dans la filmographie de Jean Girault: ce n'est pas une comédie stupide ou un vaudeville grossier. Entre comédie de moeurs et badinage de deux époux titillés par la tentation de l'adultère, Girault met en scène avec beaucoup de retenue un sujet, pas particulièrement intéressant, mais qui détonne au milieu de ses pochades indigestes. Et le cinéaste tourne même parfois dans les rues de Paris et dans la foule comme les réalisateurs de la Nouvelle vague à la même époque!
On s'attend dans un premier temps à une chronique du quotidien, du métro, boulot, dodo et loisirs dans un Paris au rues et aux bistrots bondés. Puis Girault se recentre sur le couple que forment Darry Cowl, d'une grande sobriété, et Pascale Roberts, très jolie et très juste dans son emploi de mère et épouse au foyer, attirée par un entreprenant voisin de palier. Précisément, sur le couple, la routine et la fidélité, le réalisateur -inséparable de son scénariste Jacques Vilfrid- dit des choses vraies et relativement audancieuses pour l'époque. On trouve des dialogues pertinents, des comédiens qui ne surjouent pas et même des instants plus amers. Tout le contraire d'une comédie débridée, ce en quoi "Les moutons de Panurge", pas forcément le meilleur titre pour signifier la conformisme des existences, est un petit ouvrage inattendu de la part de ses auteurs. En définitive, si le film manque de relief, il demeure ce qu'a fait de moins mauvais Jean Girault, y compris "ses" Louis de Funès futurs.