Réalisé entre "THX 1138" et "Star Wars", "American Graffiti" est le deuxième film de Lucas. Mettant
de côté la peinture d'un monde anticipé, froid et organisé, il met à l'honneur les émois, les peurs et
les plaisirs de la jeunesse américaine des 60's, qui furent ceux du jeune Lucas. Avant les vaisseaux
traversant l'espace, le réalisateur qui se rêvait pilote de Formule 1 peint un univers où la voiture, de préférence racée et rapide, est symbole de liberté et dispute aux femmes le rôle de premier objet de désir. Dans une ambiance rock n'roll (la bande originale est jouissive comme dans un film de
Tarantino -qui est d'ailleurs à l'évidence imprégné de l'esthétique d'"American Graffiti"), évoluent, by
night, plus ou moins beaux gosses, sentimentaux et fous du volant. Ils oscillent entre le désir de
rompre avec leur existence provinciale et celui de rester adolescents, à portée des joies assurées de
la musique, de l'alcool et de la fête. Réalisé en 73, "American Graffiti" a pour objet la société et la culture qui précède l'ère Woodstock et le Vietnam. Si la jeunesse se revendique une culture propre, le trip s'arrête au whisky et à la vitesse, la politique n'intéresse pas, le rock n'roll est encore châtié. Cinématographiquement, le film appartient à son temps au meilleur sens du terme, puisqu'il constitue un des jalons de la «nouvelle vague» américaine. Son objet est une certaine american way of life, la narration et les personnages se diluent dans la représentation d'un univers culturel, l'esthétique se nourrit des fragments du quotidien: logos ou feux de signalisation. A côté d'autres films décisifs signés par des noms comme Scorsese ou Coppola, "American Graffiti" quoique non sans inquiétude, est avec son côté série B de luxe, moins sombre et violent, plus drôle et déjanté: un film pop par excellence. Produit par le studio Zoetrope de Coppola, il acheva de rendre celui-ci millionnaire, et fit de Lucas un réalisateur solvable au yeux des producteurs. C'était mér