En Hommage à Galabru j'ai regardé hier soir "Le juge et l'Assassin" de Bertrand Tavernier...et bien hier soir j'ai vu un Chef d'Oeuvre du 7éme Art, pas un chef d'oeuvre du cinéma français mais un chef d'oeuvre du 7éme Art.
D'une profondeur inouïe, ce film a mis en avant les talents d'acteurs de Galabru qui a reçu, à l'époque, un césar pour sa prestation du sergent Joseph Vacher, renommé Bouviet pour le Film, le Jack l'éventreur français.
Auparavant cantonné aux films, semi nanars, comiques (que j'affectionne énormément), dans lesquels il incarnait des personnages à l'humour potache, Galabru est juste A.HU.RISSANT dans ce film, j'en ai même était glaçé et subjugé par moment.
Lui qui pour moi rimait avec bidonnade, ici, il m'a littéralement mortifié. Personnage absolument fascinant dans sa démence, dans sa profondeur et son sens. Reflet Morbide et éclatant de son époque, il en devient presque "beau". Romanesque. Quelle performance. Inoubliable.
Tiré de l'histoire vraie de Jospeh Vacher dit l'éventreur de Berger, la réalisation de Tavernier pour nous conter cette histoire est juste parfaite.
Comme d'habitude, il filme la nature comme personne, elle en devient un personnage à part entière, personnage dessinant la topographie mentale de cet assassin, parcourant ces campagnes françaises faites de cols abîmés, de ruines, de champs vides et vivants, de descentes raides et périlleuses.
La prestation de Brialy est elle aussi très bonne, son personnage est d'une richesse passionnante et perturbante. Ce personnage pourrait faire l'objet d'un film à lui tout seul.
Noiret toujours impeccable, il interprète de manière très juste ce juge à la fois humain, sympathique, vil, calculateur, ambitieux et finalement monstrueux....
Historiquement riche, plein de sens sur son époque et profondément cynique (époque dreyfus où l'antisémitisme était de rigueur, époque où l'anarchisme était un crime, le socialisme une marginalisation), Le juge et L'assassin joui d'une bande son et de chansons extraordinaires (mention spéciale pour "la complainte de bouviet", chantée par Caussimon. Magnifique).
Elles renforcent cette ambiance hors du temps, glaciale, morbide mais à la fois chaude et chaleureuse, profondément humaine.
Rien n'est blanc, rien n'est noir, tout est effroyable et beau, tout est nuancé d'un panel de couleurs chaudes et froides.. le spectateur passe par une alternance de ressentiment impressionnante.
Film politique, plaidoyer social, sociétal, polar noir, enquête policière, profilage, film psychologique...Rare sont les films d'une telle richesse, Tavernier est vraiment unique.
Bref hier soir j'ai découvert un chef d'oeuvre, j'ai pris une bonne claque dans le chiko, une bonne décharge du fion jusqu’au rachis. Chapeau.