C'est lorsqu'un père de famille catholique, industriel et traditionnel va voir sa fille unique disparaitre sans laisser de trace qu'il va découvrir les bas-fonds et l'enfer du monde dans lequel il vit.
Après avoir scénarisé Taxi Driver, Paul Schrader replonge dans l'enfer nocturne du monde moderne où drogues, laissés pour compte de la société, porno et putes sont présents, et c'est par le biais d'un père de famille catholique qu'il nous y envoie. L'écriture est remarquable, notamment pour les personnages, tous intéressants et aucun ne laissant indifférents, où l'on va voir ce dernier plongé dans cet enfer et en découvrir une galerie où se mêleront détective louche, prostitué, actrice porno et divers magnats de cet empire. Un choc pour lui alors qui a toujours vécu dans une ville où les descendants de colons sont en nombre et où sa vie de famille, et professionnelle, est parfaitement réglée.
Si la qualité d'écriture est remarquable, elle est surtout sublimée par une mise en scène qui l'est tout autant, où Schrader met en place une atmosphère de plus en plus sombre, malsaine, effrayante et crue. Il nous plonge littéralement dans cet enfer et montre l'humain dans ce qu'il y a de plus abject, cupide et sordide. Hardcore brille aussi par la façon d'y venir, où Schrader pose d'abord le contexte de la vie de famille religieuse et bien ordonnée, avant de tomber peu à peu dans les abysses de cet Hollywood déshumanisé et ravagé par le porno. La construction du récit est remarquable et il met en place une tension qui sera de plus en plus forte jusqu'au final.
George C. Scott trouve ici un rôle à la mesure de son talent dans le rôle de ce père catho qui va découvrir l'horreur du monde moderne tandis que Season Hubley fait forcément penser à Jodie Foster dans Taxi Driver. Quant à l'histoire en elle-même, elle est surtout efficace, bien ficelée et propice à l'atmosphère mise en place. La force de Hardcore se trouve aussi dans son esthétisme où Schrader fait ressortir le côté crade de son oeuvre, tandis qu'il joue parfaitement bien avec les lumières, notamment lorsqu'il nous emmène dans les lieux voués aux sexes où des néons nous éblouissent.
Paul Schrader ne fait pas dans la demi-mesure lorsqu'il doit décrire l'enfer du monde moderne et c'est en y incluant une ambiance totalement crasse, malsaine et effrayante qu'il le fait, et ce, avec grand brio.