Alan J. Pakula s’attaque, en 1976, au scandale du Watergate en privilégiant l’approche journalistique. Le cinéaste, artisan modéré du cinéma américain durant trois bonnes décennies, s’attaque là à un mythe américain qui peine à passionner hors des frontières de l’Oncle Sam, un scandale politique qui destitua, de par ses retombées, le président Nixon et fit énormément de bruit dans les sphères politiques et administratives américaines d’alors. Les amateurs du complot, les férus d’histoire politique auront sans doute trouvés leur compte à la sortie Des hommes du président, pamphlet indépendant d’une bavardise extrême qui renforce la stature de justicier moral de Robert Redford et les caractéristiques malignes de Dustin Hoffman. Les deux comédiens incarnent deux journalistes du Washington Post, Bob Woodward et Carl Bernstein, deux reporters d’un journal écrit parmi les plus prestigieux du pays, qui partent en croisade pour que la vérité éclate, pour que l’impact d’une simple effraction au siège du parti démocrate tourne à l’affaire d’état.
L’Amérique aime en effet ses héros, ceux qui luttent pour que la vérité soit révélée. Bien que s’inspirant de faits réels, Les hommes du président loue, avec une certaine obstination, les mérites des redresseurs de tort du moment, deux scribouillards obstinés qui lutte contre le pouvoir en place, pour que le peuple connaisse les agissements criminels de l’Administration à la tête du pays. Les initiés ne peineront pas à entrer dans l’histoire, l’apparition du dénommé Gorge Profonde, les conclusions connues de cette mascarade politique organisée en sous-main. Pour les autres, autant dire qu’Alan J. Pakula, Robert Redford et Dustin Hoffman parlent ici le chinois, le mandarin.
L’ampleur d’un tel film, sur la scène du cinéma américain, n’étant pas négligeable, on peut alors regretter le fouillis narratif dans lequel se sont embourbés les scénaristes, le metteur en scène et des comédiens travaillant sur un rythme expéditif. La complexité du complot, si l’on peut en parler ainsi, ne pouvait résolument faire l’objet d’un éclaircissement satisfaisant en deux heures, montre en main. Indéniablement abstrait dans son déroulement, il s’avère finalement difficile voire impossible pour le quidam de suivre le rythme sans se perdre. L’Enquête des deux journalistes étant menée tambours battants, sur plusieurs fronts, les noms s’accumulent, les pistes s’élargissent. Mais en dépit de cela, une bonne cinquantaine de noms sont évoqués, on ne met jamais de visages sur ceux-ci. On saute du coq à l’âne sans réelle grâce et le final s’avère précipité.
En dépit du fait que les Hommes du Président soit considéré par certains comme un excellent cru du thriller politique des années 70, il apparaît bien vite que le film n’est que difficilement accessible, qui démontre le dépassement du réalisateur, son échec à vouloir éclairer un plus large public sur ce fameux scandale. Avis aux amateurs. 07/20