Gerard Darmon tiens un de ses plus beaux rôles. Le sujet sur les gens du voyage est très juste , sans exagération. Tony Gatlif nous emmène dans la pauvreté de ces cités, c'est sale , lugubre mais tellement vrai à cette époque. Beaucoup d'émotions... j'ai aimé
Le film est sorti en 1983 et c’est un jeune Gérard Darmon qui occupe le rôle principal. C’est une sorte de chronique réaliste qui nous présente Nara, un gitan vaguement sédentarisé qui vit dans un HLM pourri de la banlieue parisienne avec sa mère et sa fille. Entre embrouilles et débrouilles, ce petit monde survit à l’écart de tout. Sauf qu’un jour, ils se font expulser, doivent reprendre la route et la mère se met en tête de rencontrer un grand avocat qui sera à même de défendre l’honneur et la cause des gitans. Ainsi, pour son premier film sur le sujet, Gatlif s’intéresse à une famille sédentarisée. Mais en creux c’est le portrait d’une famille que tout mène à la route, voire à l’errance. Dans ce minuscule appartement, la vieille mère ne supporte pas les fenêtres fermées. Elle est entre ces murs comme dans une prison. De son côté, la gamine choisit de s’enfermer ou de s’ouvrir dans l’école de la République contre l’avis de Nara son papa, persuadé que ce n’est pas la place d’un gitan. Gatlif livre ici un portrait sans fard, âpre, dur. Le film rebute dans ses premières minutes mais il fascine par la suite. Tels des survivants de l’apocalypse, la petite famille déambule dans des décors de western maudit. On assiste, ça et là à des scènes d’humiliation quand on les dirige vers un terrain réservé aux gens du voyage qui est en fait une décharge publique ou quand il sont délogés en pleine nuit par une police qui rappelle d’autres temps … Gatlif semble dire que les gitans n’ont pas leur place parmi les sédentaires et même que la route est leur destinée et leur alliée car elle les protège du rejet de la société installée. Car en toile de fond, les discriminations et surtout les incompréhensions entre deux mondes aux valeurs opposées sont omniprésentes. C’est raide mais ça fait du bien.
Si on ne peut pas reprocher à Gatlif de ne pas connaître son sujet, on peut s'étonner qu'il tombe dans une telle caricature : les gitans sont des voleurs de poules, pour qui les femmes n'ont aucun droit mais qui vénèrent leur mère et protègent leurs sœurs, sont prompts à se battre et adorent la musique. C'est un peu court même si Darmon est très convaincant et Muse Dalbray magnifique. Le meilleur reste peut-être ces moments où le chant capte l'attention et la toute partie du film où la mère reprend la route, résolue malgré la fatigue, entraînant derrière elle le reste de la famille.
Haaaaa... Les gitans... J'éprouve, comme beaucoup de monde une sorte de fascination pour la culture gitane. Pas les gitans genre Djo Joe Lopez 63, mais ceux un peu plus old school à base de guitare manouche, d'accordéons et de veille merco des années 80.
"Les princes" c'est un film sur ces gitans "old-school". Leur quotidien, leurs joies, leurs misères... Surtout leur misères, en fait. On sent le regard tendre et sincère que porte Gatlif sur cette communauté. Il ne plonge pas dans le pathos ou le misérabilisme pour autant. Le personnage de Nara, incroyablement interprété par Gerard Darmon est aussi attachant qu'antipathique. Attachant pour l'amour qu'il porte à sa famille, pour sa volonté féroce de s'en sortir, mais antipathique pour son comportement violent et destructeur. Bref, c'est juste, c'est beau, c'est parfois drôle et c'est absolument génial.
En tant que grand fan de Kusturica, je commençais à en avoir un peu marre de me remater indéfiniment sa filmographie. Le bonhomme n'étant plus très productif ces derniers temps. Avec Tony Gatlif, j'ai trouvé un substitut à Kusturica. Et sa filmographie à de quoi m'occuper un petit bout de temps.
Un film magnifique dont seul Tony Gatlif a le secret. On plonge, que dis-je nous sommes happé par la culture des gens du voyage et en l’occurrence ici de la culture gitane. On suit donc le quotidien de Nara, comme un conte, un roman, on se laisse guider par la réalisation et la direction superbe. Un scénario drôle et émouvant mais qui m'a également fortement indignée en voyant que finalement aujourd'hui dans la représentation des gens rien n'avait changé. Et le film à déjà trente-deux ans. Gérard Darmon joue merveilleusement bien, nous faisant passé par toutes les émotions possibles, on dirait que ce dernier est issu de cette culture. Muse Dalbray est également très douée, elle m'a surtout fait beaucoup rire, elle était la petite touche de fraîcheur dans les moments sensibles. Mais celle qui m'a le plus impressionnée c'est la petite fille, du haut de son jeune âge, elle avait tout d'une grande et m'a fortement bluffée. Et en prime, la présence de Tony Gatlif durant la séance, qui par ses anecdotes (notamment celle concernant la production du film et la gestion du budget), ne peut que le rendre encore plus humain et accessible. Un film que je vous recommande, comme la plupart de la filmographie de Tony Gatlif qui fait partie des meilleurs et des grands réalisateurs français (à mon avis) et qui par ses films nous fait toujours passer des messages remplis d'humanité et qui casse les frontières invisibles avec la culture des gens du voyage.
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4,0
Publiée le 5 mai 2013
En Tony Gatlif, il y a un goût pour les sujets insolites! Mais en Tony Gatlif, il faut saluer un metteur en scène exceptionnel car "Les princes" nous apparaît en 1982 comme un cinèaste si gènèreux pour le cinèma (direction d'acteur, camèra qui s’adresse aux cœurs purs, humanisme et solidaritè) qu'il ne saurait rater un film à moins de le vouloir! Voilà un pur metteur en scène qui nous fait entrer dans le monde des gitans avec une sincèritè à chialer tant l'atmosphère a quelque chose qui touche à l'essence même de la grâce! Tout y est ici insalubre et pauvre, mais qu'importe si l'èmotion est là! Chapeau de gangster, cravate et chemise mal assorties, clope au bec, Gèrard Darmon, attendrissant et attachant gitan (qui trouve ici son plus beau rôle à ce jour), est bluffant de rèalisme et semble tout droit sorti d'un film de Kusturica! Même si le propos ne se fait pas sans douleur, il y a dans ses images une dynamique, une ènergie et un amour passionnel qui transpire à chaque plan! C'est bien simple, des films comme ça on n'en fait plus car il y a dans "Les princes" une simplicitè et une authenticitè qui semblent rescapèes d'une autre èpoque! Merci Tony Gatlif pour ce très joli moment de vèritè...