Le premier long-métrage de Damien Odoul est un film troublant, suscitant parfois le malaise mais également drôle, burlesque et tragique. Le souffle est un conte noir, une chronique adolescente qui va de surprises en surprises mais qui a le don de toujours aller là où on ne lattend pas. « Le souffle » cest aussi la découverte dun jeune acteur très impressionnant, Pierre-Louis Bonnetblanc qui incarne David. Durant les grandes vacances dété, dans une ferme isolée du Limousin, David 15 ans, connaît le temps dun après-midi caniculaire, sa première cuite. Il se laisse enivrer par ses deux oncles et leurs copains durant un méchoui bien arrosé. Odoul traite de linitiation, de léveil, du passage à lâge adulte. A laide dacteurs non professionnels, Odoul parvient à trouver une justesse authentique dans le jeu de P.L. Bonnetblanc, tiraillé entre lennui quil ressent au quotidien dans une petite ville de province et la liberté retrouvée au cur dune campagne reculée. Proche du cinéma muet, intensité des plans et du noir et blanc, Odoul possède un il, un univers singulier dans lequel on plonge volontiers. Odoul montre une communauté marginale (paysans dans un langage parfois incompréhensible) où le jeune garçon effectue un effort quasi-désespéré pour communier avec eux, avec le monde de la ferme, les personnages rustiques (visages rudes, langage "fleuri"), poétiques, pères "virtuels" que le jeune David refuse, le sien étant parti. Le méchoui et l'alcool apparaît donc comme étant un "rite" pour intégrer David au monde des hommes qu'il veut fuir. Prix de la critique internationale à Venise en 2001 (et multiples autres récompenses à travers le Monde), "Le Souffle" est un film (comme l'évoque son titre) emprunt de liberté. Liberté du cinéaste (loin de tout casting vendeur, loin du soutient financier d'une chaîne de télé...), liberté de ton, des émotions, envie de crier, envie de se rebeller (canicule estivale et interne du personnage). Singulier, dense et poétique.