«La Mort en ce jardin» (France-Mexique, 1956) serait peut-être le trait dunion réunissant la filmographie mexicaine de Bunuel à sa filmographie française. Mexicain par une partie de sa distribution et par lambiance du film et français de par une majorité des personnages principaux (Michel Piccoli, Simone Signoret, Charles Vanel, rien que ça) et la langue officielle du film. Melting-pot donc de deux cultures. Mais ceci ne suffit pas au film à susciter de lintérêt. En effet, lhistoire dune petite révolution (révolution que réitérera (trop) calmement Bunuel dans «Los Ambiciosos» (Mexique, 1959) ), cette histoire donc narrive pas à emballer plus quelle ne le veut. Pas lombre dune tension, lhistoire en elle-même ne mène pas vraiment vers une contrée époustouflante. Le spectateur na dautres choix que de se contenter des jeux dacteurs. Entre Georges Marchal, Michel Piccoli, Charles Vanel, Simone Signoret et Luis Aceves Castaneda -quon prend plaisir à retrouver dans les films de Bunuel-, Bunuel nous donne de quoi nous divertir. Cependant, le principal défaut du film est de ne devenir intéressant, de nentrer véritablement dans le vif de son sujet (la perdition dans la jungle) que dans les vingt dernières minutes. Un problème conséquent de scénario. Le film vaut quand même la vision pour la partie dans la jungle qui devient bunuelienne à souhait. Vous laurez deviné, lexotisme et lautarcie quengendre ce genre de milieu naturel est un espace idéal pour toutes les folies de Luis Bunuel. Le merveilleux et adorable Charles Vanel devient un tueur divin, Michel Piccoli, prêtre prêcheur, perd de son self control dans une scène mémorable sous la pluie où il conte son obsession pour
les ufs, etc... En conclusion, «La Mort en ce jardin» (France-Mexique, 1956) conserve la modestie excentrique de Luis Bunuel mais, souffrant dun scénario banquable, le tout titube et semble se trouver, comme je le disais au début, nêtre quun entre-deux.