Comme le laissent suggérer la bande-annonce et le manque de notoriété du film, il est effectivement daté, même si c'est son but d'être un brin vintage. Sorrentino y fait ses gammes, comme une espèce de puceau du cinéma, dont l'avenir prouva qu'il en fut un bon amant. Et bien dans ce coup-ci, L'uomo in più, on voit qu'il avait déjà le fluide sacré au fond de lui. Souvent ça se cherche, au long des effets esthétiques, mais ça se trouve, et une dense cohérence couronne la curiosité aimable et la patience du spectateur, pas venu pour rien. A la lecture du pitch on pouvait s'attendre à une thématique quasi fantastique à la manière de "La double vie de Véronique" de Kieslowski, mais non, on suit juste le destin de deux stars au rabais portant le même nom de famille, au gré de leurs hasards, et lorsque cela se télescope ce n'est pas en fabuleux moment de cinéma portant message, non, l'un voit l'autre à la télé dans une émission de télé-réalité aussi conne que les autres et il se sent proche comme on peut l'être au visionnage d'une de ces débilités, où un gars/une fille de chez nous, le brave peuple, est mis dans une situation où on s'identifie à ses mouvements d'humeur, de manière plus intime qu'avec un proche de sang ou de coeur, par le mystère de la tv et de nos illusions... Toni Servillo était lui aussi déjà un killer de chez killers, et s'il faut aller voir ce film c'est surtout pour lui. Il y incarne la faconde et le génie torve napolitain avec un brio universel comme seul peut l'être le local enraciné. Au final un souffle latin nous gonfle l'esprit au-delà de la salle de cinoche, sans rien demander en échange, nous soumettant à sa gratuité classique et inimitable. Même si le manque d'unité nationale a mis Mario Draghi la vampire américain à la tête de la plus belle botte du monde, ce n'est pas à ces roublards amalfitains qu'il va faire le catéchisme.