Tiré du roman de John Wyndham "Les coucous de Midwich", cette adaptation signée Wolf Rilla est un pur chef-d'œuvre de suspense du début des années 60. Mis en scène de manière admirable, avec ce qu'il faut de sobriété et d'efficacité, le long-métrage nous immerge intégralement dans cette histoire fantastique effrayante où, l'espace de quelques heures et de manière inexpliquée, un village anglais se voit coupé du monde lorsque tous ses habitants s'endorment brutalement. Après quelques temps, ils découvrent que chaque femme capable de procréer est mystérieusement enceinte, qu'elle soit vierge ou non. Neuf mois plus tard naissent donc ces enfants sans père, tous blonds et tous unis, partageant de manière inquiétante les mêmes pensées, pouvant même lire à travers celles des gens. Leur présence, au début une curiosité, devient vite une source de terreur pour les habitants de ce petit et paisible village. L'intrigue, originale et finalement terriblement ancrée dans la réalité à travers des théories scientifiques toutes plus probables les unes que les autres, se pose lentement mais surement, appuyée par quelques séquences à suspense réussies, la plupart étant des suicides dictés par ces chères têtes blondes, interprétées par une poignée de jeunes acteurs terriblement convaincants. À leurs côtés, les confirmés et épatants George Sanders, Martin Stephens et Barbara Shelley, campant des personnages tous plus attachants les uns que les autres. Tourné en noir et blanc, avec seulement quelques légers effets spéciaux et une musique imposante, Le village des damnés est indéniablement l'une des plus brillantes œuvres de fantastique (teintée de science-fiction) qu'il soit, source de plusieurs autres films aux sujets similaires. Un film hélas le plus souvent éclipsé par son propre remake éponyme signée John Carpenter qui ne mérite, lui, pas autant de mérite que son prédécesseur.