Quoiii ?! Il y en a encore pour dénigrer ce film cultissime ? Moi, petite "djeun's" de 18 ans, j'en reste assise. Cette dernière collaboration entre Louis de Funès et Gérard Oury n'est pas la moindre. Cette fois, on retrouve le grand "Fufu", qui n'est pas avare de grimaces et de mimiques poilantes, dans le rôle de Victor Pivert (parfaitement ! Comme l'oiseau), riche et surtout désagréable parce que ronchon, irascible et... raciste. Un rôle qu'il a porté à la perfection. "La mariée est noire !", "Salomon, vous êtes juif ?", le plongeon dans la cuve de chewing-gum et la danse hassidique sont et seront toujours, à mon avis, des scènes d'anthologie. Au risque de paraître passéiste, j'ai bien l'impression que l'on n'en fait plus des comme ça, et c'est bien dommage. Enfin...
Les dialogues sont excellents, et l'histoire qui tient d'ailleurs du vaudeville ne l'est pas moins. On ne peut s'empêcher de sourire ou d'éclater de rire en voyant ce pauvre Pivert complètement dépassé par les événements, et qui se "frite" assez régulièrement avec les autres protagonistes (Germaine Pivert, Salomon, Mohamed Larbi Slimane, Farès...)... ou encore de voir ce personnage, raciste et antisémite, obligé de se grimer en rabbin. C'est aussi un superbe message à la paix et à la tolérance, et moi, en tant qu'athée, je ne peux qu'encourager les chrétiens, juifs et musulmans à en prendre de la graine. Bravo M. Oury !
La performance de Louis de Funès était impressionnante pour son âge, il a d'ailleurs insisté pour interpréter lui-même la danse juive, sans doublage, bien qu'il ait eu beaucoup de mal à être synchro avec les autres danseurs. Son jeu inégalable de la "petite teigne qui gigote" a presque éclipsé le reste du casting, qui l'entourait pourtant fort bien. Au casting aussi, donc : Claude Giraud, un Mohamed Larbi Slimane très classe et flegmatique, charmeur aussi avec son goût prononcé pour les rousses ; Suzy Delair, hilarante Germaine Pivert qui a un côté "bourge" et un caractère jaloux et peu commode ; deux comédiens de la troupe du Café de la Gare, c'est-à-dire Henri Guybet, ce bon Salomon quelquefois rancunier et un petit peu radin mais tout de même dévoué (puisqu'il sauve la vie de son ex-patron), qu'il interprète de façon à la fois habitée mais sobre, et la toute jeune Miou-Miou, qui débutait à ce moment-là, très jolie Antoinette Pivert pour qui le révolutionnaire Slimane a le coup de foudre ; Renzo Montagnani, excellent en tueur plus ou moins sadique au sourire qui l'est autant ; Claude Piéplu, parfait en flic borné qui n'hésite pas à menotter Slimane, nouveau président de la République (et quelle voix ! Toujours aussi surprenante) ; ou bien Marcel Dalio (mais qu'est-ce que c'est ce Pivert ?) en rabbin... le vrai celui-là.
Un seul mot d'ordre : bravo ! C'est une vraie merveille de notre cinéma, j'ai adoré ce film à la fois drôle et moral, rythmé en plus par la musique joyeuse et allante de Vladimir Cosma.