L’Echelle de Jacob est une des rares incursions du réalisateur, Adrian Lyne, loin des thrillers sensuels qui ont fait sa renommée. Il signe aussi, sans doute, un de ses films les plus intéressants, quoique finalement le métrage ne m’ait pas apparu non plus comme une réussite majeure du genre.
Le scénario est indéniablement intriguant et prenant. L’idée du Vietnam, du stress post-traumatique, le tout mêlé de fantastique, avec un suspens bien présent, tout cela fonctionne, et permet de maintenir l’intérêt d’un film plutôt lent, qui possède aussi une narration un poil brouillonne. Pour autant je n’ai pas non plus été entièrement convaincu. Les explications arrivent un peu comme un cheveu sur la soupe (bon, faut peut-être penser à boucler ton film Adrian !), et sont franchement didactiques. Ça aurait pu être mieux fait. De la même manière les manifestations fantastiques sont assez ridicules, et montrent vraiment que Lyne n’est pas un spécialiste du genre. Il se montre bien plus convaincant dans le traitement des relations humaines et des troubles du héros que dans les scènes fantastiques.
Le casting est plutôt bon, avec le rare Tim Robbins dans un rôle principal. Je ne sais pas si c’était le choix le plus judicieux, car, à l’image de Lyne, Robbins n’est pas foncièrement un acteur très ancré dans le genre. Il se débrouille cependant bien, apportant une sensibilité très prégnante à son personnage et une subtilité intéressante. Il est entouré de peu d’acteurs très connus, mais le film repose de toute façon quasi-uniquement sur Robbins, il monopolise presque toutes les scènes (je ne sais pas s’il y a un plan où il n’apparait pas !).
Visuellement c’est du Lyne caractéristique. Eclairages bleutés, photographie ouatée, mise en scène lente et appliquée, les amateurs du réalisateur ne seront pas déçus ! C’est sûr, le métrage manque sans doute d’une ambiance vraiment adaptée. Lyne tourne son film comme il tournerait Liaison fatale en somme, avec juste des incursions fantastiques pour maintenir l’idée d’un film qui n’est pas complètement « normal ». Après ce n’est pas mauvais, notamment car il y a quelques choix de décors plutôt efficaces, et les scènes au Vietnam cassent un peu le reste de l’esthétique du film, mais c’est vrai que une photographie ouatée comme ici ça convient sans doute à un thriller érotique, mais un peu moins à un film fantastique au sujet assez étrange en plus. A noter une musique d’ambiance discrète là aussi comme on en a souvent le droit chez Lyne.
Bon, cela étant, L’Echelle de Jacob reste une bonne petite découverte. C’est un film au sujet ambitieux, dont je n’ai pas décroché malgré quelques mollesses, et qui, malgré les difficultés évidentes de Lyne à s’adapter au genre, bénéficie quand même de son application et de son savoir-faire. 3.5