Rambo II : La Mission ayant été un gigantesque succès planétaire, il était inévitable qu’un troisième épisode se profile à l’horizon. Suivant les principes hollywoodiens, ce nouveau volet doit faire encore plus grand que le précédent : Stallone est encore plus musclé, les combats sont encore plus spectaculaires, incluant à la fin une armée entière de moudjahidines et même le couteau de Rambo est encore plus gros (passant de 22 cm dans le premier film à 40 cm dans celui-ci). Hélas, cette hypertrophie amène des séquences d’action encore moins crédibles que dans le second volet
(l’affrontement final entre un hélicoptère et un tank !)
. De même, on peut regretter que la probable volonté de surfer sur le succès d’Arnold Schwarzenegger ait entraîné l’inclusion de quelques répliques humoristiques certes savoureuses
(le célèbre "Dans ton cul")
mais rompant totalement avec le sérieux lié au personnage. Ainsi, l’aspect tragique qui faisait la force du premier volet disparaît ici en grande partie pour transformer le personnage en super guerrier quasiment invincible.
Toutefois, cet aspect n’apparaît que dans la seconde moitié du film. En effet, la première partie nettement moins orientée vers l’action possède plusieurs thématiques assez intéressantes. Ainsi, si ses traumatismes semblent avoir disparu (mais réapparaîtront clairement dans le film suivant), Rambo est présenté comme un personnage voulant s’éloigner le plus possible de la guerre alors que sa nature profonde est d’y être confronté.
On peut d’ailleurs regretter que le montage final du film n’ait pas gardé une autre version (présente dans les bonus du bluray) de la conclusion où le personnage décidait de rester combattre auprès des rebelles afghans dont il a épousé la cause : il aurait été intéressant de voir 20 ans plus tard, quel aurait été son attitude suite aux événements découlant du 11 septembre 2001.
En effet, l’aspect le plus intéressant de ce troisième volet provient du fait que Stallone et son coscénariste, Sheldon Lettich, choisissent de quitter le conflit vietnamien pour se pencher vers un autre théâtre de guerre, à savoir l’Afghanistan devant faire face à l’invasion soviétique (qui y connaît d’ailleurs son Vietnam comme le souligne un des dialogues). Le film choisit (tout comme le fera le suivant) ainsi de traiter un conflit moins connu par le public américain en s’attardant un peu sur l’Histoire de l’Afghanistan et sur la culture de son peuple. On pourra peut-être lui reprocher, à force de vouloir répondre aux critères du grand spectacle, d’être un peu manichéen (d’un côté les méchants russes, de l’autre les braves afghans aidés par un américain qui affronte presqu’à lui tout seul une garnison soviétique) mais on peut cependant reconnaître sous son anticommunisme assez primaire un désir d’ouvrir les esprits sur certains peuples souffrant à travers le monde (même si, à la sortie du film, l’invasion soviétique touchait à sa fin et que les relations entre les Etats-Unis et l’U.R.S.S. commençaient à s’apaiser). Reste que, suite aux événements de ce début de XXIème siècle, Rambo III semble complètement en décalage et peut se voir avec une certaine ironie.
De même, on peut trouver intéressant que la relation entre Rambo et Trautman s’inverse par rapport au premier épisode puisque, cette fois, c’est l’élève qui sauve le maître.
Mais il faut reconnaître que la majorité des spectateurs iront voir le long métrage essentiellement pour l’action. De ce point de vue, si on accepte de ne pas se focaliser sur le réalisme des situations, il est difficile de trouver que le film n’accomplit pas sa mission. Ainsi, la seconde partie est un enchaînement de combats et d’explosions à la fois spectaculaires et prenantes. La réalisation de Peter MacDonald, sans être extraordinaire, remplit totalement son contrat, Stallone se donne à fond (sa musculature est encore plus impressionnante que dans le second volet) et Jerry Goldsmith compose une musique toujours aussi entraînante mais possédant également des côtés plus émouvants quand elle évoque le peuple afghan.
Rambo III est donc loin de mériter sa réputation de vilain petit canard de la série mais on peut toutefois regretter qu’il choisisse de négliger la psychologie du personnage et la description du conflit pour privilégier l’action pure, ce qui l’empêche d’être le Rambo d’Arabie qu’il voulait être au départ.