Nana se confond avec Martine Carol dans ce film bien éloigné des préoccupations historico-sociales, "naturalistes", de Zola. On ne trouvera dans le film de Christian-Jaque aucun réalisme, social ou humain, sinon dans la reconstitution fastueuse su Second Empire.
Artiste de cabaret et, surtout, prostituée, Nana vit luxueusement dans la prodigalité de ses vieux et riches amants. Christian-Jaque fait de Nana, hélas, un personnage sans nuances, dont il ne retient que la sensualité et la vénalité. Il met en scène bien davantage Martine Carol (est-ce parce qu'elle est l'épouse, je n'ose pas dire la nana, du réalisateur?) que le personnage de Zola. Réduite au rôle d'héroine scandaleuse, Nana n'existe guère que par la dimension érotique de son interprète.
Cette fille du peuple impertinente devant laquelle de prosternent les grands de l'Empire, aristocrates fortunés, hommes d'affaires ou politiciens en vue comme le comte Muffat, ne détermine aucune considération véritablement significative sur les moeurs de l'époque. Sa relation avec le grand chambellan de Napoléon III est terne, sans doute parce le personnage de Charles Boyer, furieusement et maladivement épris de Nana, n'exprime rien de sa déchéance, de la ruine morale et matérielle où l'entraine son vice. Ainsi le brio, le brillant plus exactement, de la mise en scène est vain, qui se refuse à attacher aux figures de Zola une nécessaire dimension humaine, voire psychologique.