Deux ans après JUSTICE EST FAITE, André Cayatte, en ancien avocat qu'il est, revient avec un film sur la justice, et particulièrement ici, sous forme d'un plaidoyer contre la peine de mort. il est important pour bien comprendre ce film, de le situer à l'époque où il a été tourné, à savoir quelques années après la fin de la guerre, dans une période où l'on sortait de l'épuration et des exécutions sommaires, et où, chez nos compatriotes, iln 'y avait guère de remise en cause la peine capitale.
Le film est en deux parties. La première montre comment René Leguen, un jeune homme issu d'un milieu misérable, sans instruction, va peu à peu, depuis la Résistance où il fut recruté comem homme à tout faire et exécuteur sommaire à ses heures, jusqu'à la libération où, ivre, il descendra son supérieur qui l'avait surpris entrain de piller ; puis il tirera sur des flics venus l'interpeler pour une histoire dont le film ne dit rien et les tuera. Condamné à mort, il se retrouve en cellule en compagnie de deux autres assassins condamnés eux aussi à la peine capitale.
La deuxième partie montre la vie des condamnés, l'attente du petit matin pour enfin trouver le sommeil une fois de plus, le moindre bruit de voiture dans la cour de la prison qui peut annoncer l'arrivée de la guillotine, les gardiens à la fois fraternels et hommes de force pour se saisir du condamné au petit matin après être arrivés jusqu'à la cellule les chaussures à la main pour ne pas faire de bruit. La préparation de l'exécution (ligatures des mains et pieds, découpe de la chemise, entretien avec le prêtre) est bien montrée, mais jamais la guillotine ni l'exécution elle-même.
Les condamnés à mort sont reconnus coupables de crimes affreux . Outre, René le Guen, dépassé par ce qui lui arrive et qui passe ses derniers jours de vie à apprendre à écrire pour faire une lettre au Président de la République, on trouve dans la cellule, un médecin qui nie avoir assassiné sa femme et mourra en clamant son innoncence, sans satisfaire l'avocat général chez lequel on sent qu'il ya un tout petit doute et qui le demande une dernière fois de soulager sa conscience avant de mourir, on trouve aussi le coorse qui a tué au nom de la vendetta, qui est pleutre dans l'attente, mais digne dans son chemin vers l'échaffaud et qui par le truchement se sa mère sera vengé à l'heure même où on l'exécute par l'assassinat d'un autre corse de la bande rivale, le parricide qui a tué sa petite fille à coups de tisonnier parce qu'elle l'empêchait de dormir la nuit, le violeur assassin auquel une opération du cerveau a rendu dignité et raison.
Ceux qui s'opposent à la peine de mort, sont le jeune aumonier au nom de la foi et de la justice divine qui jugera criminels, juges et bourreaux, le médecin pénitenciaire qui pense qu'on peut soigner les crimminels et le jeune avocat qui use de tout ce qui est en son pouvoir pour faire échapper son client persuadé que son milieu d'origien et son enfance expliquent son geste.
Le film se termine sur une scène poignante, dans laquelle on voit le jeune frère de Leguen, pouilleux, blessé par la vie, tire le rideau en regardant tristement, l'avocat, sa fiancée, et les parents bourgeois d el'avocat, attendre longuement au téléphone qu'on leur passe la personne du Conseil Supérieur de la Majistrature qui doit annoncer si la grâce présidentielle a été ou non accordée à René Leguen.... le mot FIN apparait avant la réponse.
On retrouve dans ce film un bonne partie de la brochette d'acteurs de Justice est Faite, Mouloudji ayant le rôle principal. Un rôle qui le dépasse à mon avis, car je n'ai pas trouvé son jeu très juste.Comme dans son film précédent, j'ai trouvé Cayatte trop didactique, trop appliqué à démonter la justesse de son propose. La première partie est d emon point de vue, un peu longue et trop misérabiliste.
Donc, ce film à ses défauts, certains liés à la manière de faire du cinéma au début des années 50, d'autres plus liés au désir de convaincre de l'auteur. Il n'empèche, c'est efficace, convaincant et d'autant plus émouvant, que Cayatte n'utilise pas ici l'argument facile de l'erreur judiciaire, mais celui de l'inutilité, de la responsabilité sociétale et de la complicité de tout le monde (d"où le titre) dans cet acte horrible qu'est la codamnation et l'exécution d'un homme/