Clint Eastwood s’est attaqué ici à une icône du jazz, considérée comme l’un des créateurs et principaux représentants du be-bop, un dérivé du jazz qui se caractérise par des tempos rapides, une grande technicité, et une improvisation basée sur la structure harmonique. Je n’invente rien, c’est tout bien expliqué sur le site Wikipédia. Ce qui me frappe le plus dans ce biopic, c’est la présence importante des morceaux musicaux. Aussi, dans le cas où vous n’aimeriez pas le jazz, je serai tenté de vous conseiller de passer votre chemin. Mais si au contraire vous êtes un adepte, alors "Bird" est fait pour vous, d’autant plus que Forest Whitaker rend une copie saisissante, probablement son meilleur rôle jusqu'à aujourd’hui, tout du moins jusqu'à peut-être celui qu’il a tenu dans "Le dernier roi d’Ecosse". D’habitude, je me documente un peu sur le sujet avant d’écrire un avis, mais pas cette fois car il n’y a rien à faire : je suis un indécrottable non-adepte du jazz. Pour autant, la réalisation est sérieuse, soignée, maîtrisée, alternant les scènes dramatiques avec des scènes plus heureuses. D’ailleurs, Charles "Bird" Parker a-t’il été seulement heureux ? Je veux dire en dehors de la musique ?… Nous sommes en droit de nous poser la question, mais il semblerait que non. L’approche qu’en a fait Clint Eastwood ne permet pas d’apporter une réponse ferme et définitive, puisque la plus belle part du biopic a été donnée aux notes musicales. Comme le dit le cinéphile Sword-Man dans son avis, et pour reprendre ses propres mots, "il a fait le film qu'il a souhaité en tant que passionné de jazz pour des passionnés de jazz", et je rajouterai pour des fans de Charlie Parker, par le biais d’une réalisation plutôt conventionnelle, en brossant un portrait assez sage, par le biais d’une image enfumée cherchant désespérément la lumière, laquelle reste malheureusement enfermée dans les vapeurs d’alcool. Mais de là à donner une note de 2/5, non il ne faut pas exagérer quand même. Car il y a aussi malgré tout quelques scènes poignantes, comme celle des télégrammes. Pour ceux qui, comme moi, n’apprécient guère le jazz, on reste sur une impression mitigée, balançant entre frustration et admiration, entre ennui et émotion. D’autant plus que les flash-backs apportent parfois de la confusion car on se perd dans la chronologie des faits. Mais en définitive, on sent la grande admiration qu’avait le réalisateur envers ce saxophoniste. D’où cette œuvre à la photographie sublime, subjuguée par un éclairage particulier, sombre mais élégant, à l’image de l’homme quoi.