Treizième film de Fritz Lang, « La Femme dans la Lune » est aussi son dernier film muet (le cinéaste allemand se battra même pour qu'il reste muet) et son avant dernier film Allemand avant son exil américain. Bénéficiant de gros moyens, il nous fait suivre, sur fond d'intrigue amoureuse, une expédition lunaire visant à extraire de l’or, de sa préparation jusqu’à son acheminement.
Lang divise son film en deux parties distinctes, une première où il montre la pauvreté dans laquelle vit l’ancien ingénieur après avoir été moqué par la communauté scientifique pour avoir expliqué la présence de mines d’or sur la lune puis le début du projet, la mystérieuse organisation qui tente de voler ses précieux documents, le financement de l’expédition et la préparation. Une première partie qui s’apparente plus à un thriller d’espionnage, se déroulent entièrement sur terre. C’est d’ailleurs là, pour moi, le principal défaut du film, si la galerie de personnages est plutôt intéressante, cette partie est trop longue et le réalisateur allemand peine à passionner et ne dévoile pas tout son génie derrière la caméra, malgré cette scène, rappelant « Le Docteur Mabuse » où le chef de l’organisation change de visages en une seconde.
Puis, peu à peu lorsque l’on arrive à l’expédition, le charme opère et le film, basculant totalement dans l’aventure, se fait réellement captivant. Lorsque le film fut tourné, la science ne savait pas grand-chose sur la lune (il faudra attendre les années 1950 pour qu’un satellite soit en orbite autour de la lune) et, malgré l’envie de Lang d’être juste scientifiquement et donc de faire appel à de vrais chercheurs (dont Hermann Oberth, qui travailla plus tard sur le missile V2 puis à la NASA), on ressent les limites scientifiques dans ce domaine pour être vraiment crédible. Mais ce n’est en aucun cas un problème, Lang maîtrise à merveille cette partie. De plus, il est aussi innovent sur certains points (Le compte à rebours qui a été repris par la suite, les différentes étapes avant le décollage…).
Sa mise en scène est belle et simple, il nous emmène sur cette lune entre sable, grotte et mystère. Peu à peu la vraie nature et l’aboutissement des personnages et de l’expédition vont être révélés à travers un déroulement bien écrit et surprenant. Les décors lunaires sont impeccables et très bien utilisé par Lang, dont il fait ressortir tout le charme.
A noter que Hergé s’est fortement inspiré de ce film pour les deux albums de Tintin consacré à la l’expédition lunaire, que ce soit dans le déroulement ou dans le visuel de la fusée.
Pas forcément un grand film de Lang, inférieur à d’autres de ces grosses productions muettes tels que « Metropolis » ou « Les Nibelungen », mais néanmoins un bon film qui, après un long démarrage, prend tout son sens et la magie opère.