Peut-être LE film emblématique d'un cinéaste à part (qui, au passage, n'appartient pas à la Nouvelle Vague, même s'il en était l'un des modèles). Cinématographiquement inclassable et d'une rigueur infaillible (à la manière d'un Tarkovsky, Dreyer ou Mizoguchi), il a développé toute une théorie sur l'art du cinématographe, comme quelque chose de fondamentalement différent du théâtre filmé. Cette rigueur est en adéquation parfaite avec la thématique de Bresson, entre Grâce et destinée inévitable. Le personnage principal décide, après une réelle réflexion (pas un simple arrangement), que certaines personnes, dont il estime faire parti, sont supérieures, et ainsi peuvent légitimement voler les autres, pour consacrer leur vie à quelque chose de plus important que rapporter de l'argent. Ainsi, il devient pickpocket, et tachera de faire de son activité un art dont il serait l'un des maîtres. Mais comme le dit la présentation du film, il se lasse du vol, et est amené à prendre conscience de quelque chose, après maints détours, à la fin du film, touché par la grâce. Le film est fascinant sur de nombreux points. L'aspect très littéraire (la narration passe souvent par l'écriture chez Bresson) et cette direction d'acteurs si particulière bien sûr, mais aussi le personnage principal, élitiste affirmé sans jamais tombé dans la caricature. Les scènes de vol aussi subjuguent, grace à un montage audacieux. Bref, ce film est probablement une bonne idée pour découvrir ce cinéaste si particulier, mais si important, et adulé par tant de gens (au premier lieu desquels Tarkovsky).