« Je ne peux rien te refuser du moment que te demandes pardon. »
Un film qui commence par une subtile et surprenante mise en abyme pour se présenter, voilà qui est original. Ce qui ne l’est pas moins, c’est de voir un film de 1962 qui s’inspire de BD. C’est sans doute là le premier film de comics français de l’histoire du cinéma. Enfin, le casting est prestigieux, d’acteurs et actrices confirmé·es ou stars en devenir, les adaptations sont signées par les plus grands noms du scénario et l’ensemble est réalisé et co-scénarisé par l’un des plus grands maîtres de la comédie populaires des années ‘60/’70.
On pourra dire que le générique à lui seul impose le respect.
Très théâtral dans sa première partie, assez lent dans la seconde, le premier épisode de ce film offre aussi un dénouement cynique avec une touche d’humour noir, quoiqu’un peu prévisible, dans une reconstitution à couper le souffle.
Le deuxième épisode, beaucoup plus vicieux, est basé sur des faits réels : Clovis Hugues (Philippe Noiret) était ancien communard (de Marseille) et fut le premier député élu à la Chambre d’un parti ouvrier. Son épouse (Michèle Morgan) était sculptrice. Là où cet épisode est intéressant c’est qu’à travers la presse, seul média contemporain à l’époque, on retrouve les cabales de harcèlement et de diffusions de rumeurs que l’on vit aujourd’hui sur les réseaux sociaux. Notons que l’histoire de ce procès mériterait assurément un remake à lui seul.
Le troisième épisode est signé Boileau et Narcejac, célèbre duo du roman noir français, dont c’est ici la septième et dernière scénarisation cinématographique, aussi la deuxième pour Gérard Oury (après Un Témoin dans la Ville, 1959). D’une finesse redoutable, on retrouve la patte des auteurs du roman qu’Henri-Georges Clouzot adapta sous le titre « Les Diaboliques ». Imparable.
Beaucoup plus étrange est le quatrième et dernier épisode, tant au niveau de l’histoire que dans le découpage expérimental ou bien encore dans l’interprétation bancale.
De l’ensemble, on retiendra la parfaite maîtrise de la caméra qui, même dans les moments plus lents, sait capter le regard des spectateurs, même les audaces prises par Gérard Oury, l’interprétation 5 étoiles (à l’exception du quatrième épisode), la place prise par les femmes, toute une palette de personnages, loin des clichés conservateurs de l’époque, le sens de la narration pour amener aux dénouements parfois attendus, parfois plus surprenants, et le souci donné aux reconstitutions historiques. Cerise sur le gâteau, si le thème est très vague et si les histoires n’ont finalement pas grand-chose à voir les unes avec les autres, chacune apporte un climat très différent, ce qui évite la monotonie et la répétition.