Un dimanche matin, quoi de mieux qu'un replay sur Arte pour regarder Le Grand Bleu ? Bah voilà c'est fait ! En 88, je n'étais pas du tout de cette génération "Grand Bleu" qui a remplie les salles pour faire un triomphe au film de Besson. Non, pas du tout. Cela ne me disais rien. Plus de trente plus tard, je découvre enfin le film, par curiosité. Verdict : J'avais raison d'attendre. Le projet du film, c'est, au fond, d'être un singulier objet contemplatif et naïf, parce que conçu avec le regard d'un enfant, en fait. Formellement, Besson a voulu être très généreux avec le spectateur dans cette performance visuelle et il y met les moyens : un festival de grand angle, de contre plongée et, bien sur une quantité impressionnante de plans sous marins immersifs... Il y est aidé par une très belle photo et quelques plans poétiques très réussis. Il faut l'admettre. Et puis la musique de Serra se marie bien avec les images même si parfois, on a le sentiment qu'elle phagocyte des scènes alors que le silence aurait été préférable... Passons au gros problème du film pour moi : l'absence presque totale de tension dramatique . Alors, ok, ce n'était déjà pas un grand scénario avec une histoire solide mais, à part le dernier quart d'heure, peu de choses qui tiennent en haleine. La séquence d'intro, en noir et blanc, sert de trauma originel au personnage de Jacques, mais jamais on ne ressent ça le reste du film. D'ailleurs le genre du film c'est quoi ? Une comédie dramatique AVEC des scènes de comédie (plus ou moins écrites par Francis Veber, qui fut, on le sait, script-doctor sur le scénario) et des scènes dramatiques mais pour ça il faut attendre la fin... Le reste du temps, beaucoup de remplissage, à commencer par l'histoire d'amour insignifiante entre le personnage de Jacques et celui de Johanna, joué par Rosanna Arquette. L'actrice américaine, d'ailleurs, fait ce qu'elle peut avec un personnage extrêmement mal écrit, nunuche au possible et insupportable. Mais Besson, par calcul, a du la choisir pour sans doute optimiser la carrière américaine du film, l'actrice étant très demandée à l'époque. Jean Marc Barr, lui, incarne Jacques Mayol, une sorte d'homme-enfant un brin autiste, touchant mais pas suffisant pour passionner. En face, Jean Reno fait des étincelles avec cet Enzo fort en gueule, il est la belle affaire du "Grand Bleu", je trouve. Et son duo avec Marc Duret fonctionne très bien. Après, en terme d'épaisseur psychologique, franchement on repassera...Je fini sur les fameux dauphins qui sont bien gentils mais qui ne servent qu'à ouvrir la vanne des bons sentiments. Alors, oui, ils incarnent la fraternité ou l'idéal sensible du personnage de Mayol mais je trouve qu'il aurait fallu expliquer mieux l'origine du lien entre Mayol et eux. Au final, "Le Grand Bleu" est un film est un film profond dans la forme et en surface sur le fond...