Quelle bonne surprise que ce "Grand Bleu", réalisé en 1987, soit au début de la carrière de Luc Besson. J'étais plus que sceptique avant sa vision, tant j'ai peu de considération pour ce réalisateur et pis encore producteur. Je ne me suis pas ennuyé une seconde, malgré sa durée, ce qui est déjà une belle réussite en soi. Pourtant, les défauts sautent aux yeux : la musique, tout d'abord est d'une affreuse ringardise, tellement ancrée dans son époque qu'elle en paraît complètement dépassée et empêche régulièrement au film de s'envoler dans sa contemplation. Ensuite, on pourra signaler certains effets de style malvenus : les ralentis incongrus et inutiles, ou encore le montage parfois constitué de fondus enchaînés, trahissant l'état d'esprit initial pour l'emporter vers la carte postale malheureuse. L'histoire d'amour représentant le pilier de l'ensemble révèle une certaine intensité tout le long mais demeure parfois superficielle, aussi bien dans le caractère de ses personnages que son traitement. Et pourtant, malgré ces défauts qui paraîtraient dans d'autres circonstances de taille, "le Grand Bleu" parvient à captiver. Besson prend et pose sa caméra pour raconter l'odyssée d'un homme pas comme les autres, attiré par la mer et ses dauphins. Jean-Marc Barr se révèle très juste, prenant très vite le dessus sur un Jean Reno surjouant sans cesse, donnant à son personnage tous les traits les plus grossiers, notamment sur les vulgaires clichés de l'Italie, ici énumérés. Quant à Rosanna Arquette, elle est, une fois de plus, admirable. Sans charmer, elle parvient à toucher grâce à son extraordinaire expressivité. L'image de la mer est abstraite et mystérieuse, la fin concluant parfaitement cet élément. Qui est où, dans quel univers, où se situe l'amour, la famille, la vie ? Ce point d'interrogation rappelle étrangement "2001, l'Odyssée de l'Espace", avec cette pénétration dans un monde inconnu mais excitant.