Je n’avais jamais vu ce film, un peu rebuté par sa longueur et sa réputation de film mou, mou, mou !
Au final mon opinion est plutôt bonne, mais je ne considère pas ce métrage comme un chef-d’œuvre, ni même comme le meilleur Besson.
Côté acteur, c’est bien, surtout que les interprètes ont vraiment été choisis judicieusement pour les rôles en question. Jean-Marc Barr fait un jeune aux dents longues parfait, d’autant qu’il était aussi quasiment débutant au cinéma. Il s’investit réellement dans son rôle, et fait un antagoniste tout trouvé à un Jean Reno volontiers grandiloquent, qui campe un personnage haut en couleur. L’acteur en fait un poil beaucoup, mais il impose son charisme et il s’empare de l’écran à chacune de ses apparitions. A leurs côté Rosanna Arquette trouve un beau rôle qui ne se limite pas seulement à la mise en valeur de ses deux compères ! Son charme éthéré et son rôle consistant font merveille ! Autour de ce trio, des seconds rôles moins mémorables, mais il faut dire aussi que le film repose énormément sur ses trois acteurs principaux, autour c’est presque anecdotique.
Le scénario est porté à l’évidence par son sujet. Evoquant un milieu rarement traité, celui de l’apnée sportif, le métrage ne se limite cependant pas à cela. C’est aussi un film bien écrit qui s’attarde longuement sur les relations humaines, notamment via le personnage d’Arquette, et qui aborde cette question de la confrontation à la nature, du dépassement de soi, et des conséquences inhérentes. Certes il y a quelques longueurs, mais pour un film de plus de 2 heures 40 ce n’est réellement pas gênant. Finalement peut-être que le petit bémol que je donnerai à l’histoire c’est de manquer de souffle et de puissance. Je ferai un peu la même critique que pour Valmont de Milos Forman et critiqué récemment, Besson semble s’être tellement attarder sur le travail plastique, qu’il livre un film bien creusé, mais un peu fade. Sans jeu de mot, Le Grand Bleu reste un peu trop entre deux eaux, l’émotion étant trop diluée, jusque dans le final qui recherche l’onirisme facile. On ne peut pas dire que le film soit très émouvant, très touchant, et c’est réellement ce que j’ai ressenti sur la durée. Cette longueur a d’ailleurs peut-être nuit à la force brute des sentiments.
Formellement Besson signe un film esthétique, avec quelques limites cependant. Le noir et blanc du début n’était pas super justifié car il n’a rien d’exceptionnel et nuit à la beauté des scènes sous-marines. Les scènes sous-marines sont d’ailleurs un peu fades finalement, et j’ai préféré le reste du métrage. Avec de beaux paysages, une mise en scène appliquée où l’on retrouve l’efficacité de Luc Besson, notamment dans des choix de cadrages originaux, Le Grand Bleu parvient à compenser une photographie un peu tiède avec une certaine fadeur des couleurs. Un des gros succès du film ça a été aussi sa musique, et en effet, c’est une très belle bande son, poétique, et Besson aurait pu justement l’exploiter davantage pour insister sur le caractère onirique et presque irréaliste du film.
Car oui, finalement, et comme le prouve le final, un peu déconcertant, Le Grand Bleu semble hésiter entre un caractère très terre à terre et réaliste, et un caractère plus poétique. Le mélange ne s’harmonise pas parfaitement, mais cela n’empêche pas Besson de signer un beau métrage, pas forcément très poignant. Mais enfin, Besson n’a jamais été le meilleur réalisateur pour transcrire l’émotion et le sentiment, donc cela ne surprend pas spécialement. 3.5, car les atouts ne manquent pas, et ça reste une petite réussite.