Unique film de guerre du grand Sam Peckinpah que l'on connaît surtout pour ses westerns, Croix de fer est un film marquant à plus d'un titre. Déjà par sa genèse. Peu de moyens, scénario maintes fois remanié, tournage en Yougoslavie, Peckinpah est, en outre, à la fin de sa carrière, rongé par la drogue et la colère. Pour le film, le cinéaste de la violence n'a pas usurpé son titre. Les balles pleuvent, les corps tombent, même des enfants sont abattus. Nulle complaisance de la part de Peckinpah qui filme la guerre comme elle l'est : boue des tranchées, corps qui finissent dans des barbelés, écrasés par des tanks, crasse, maladie, diarhée, peur, solitude, viols. Et de manière étonnamment authentique (des armes d'époque ont été utilisées, pareil pour les chars) et moderne pour un film datant de 1978, tourné souvent caméra à l'épaule. Et toujours les fameux ralentis durant les scènes d'actions, le sang qui gicle, procédé que reprendra Kubrick 10 ans plus tard pour Full Métal Jacket. Donc au vu de cette violence présente dans tout l'ensemble de l’œuvre de Peckinpah, d'ailleurs Croix de fer est sans doute le plus violent de ses films, on pourrait penser que le cinéaste était en faveur de la guerre. Et non, c'est tout le contraire. Conscient que les premières victimes sont les soldats et les populations, à travers du chef de peloton Steiner (James Coburn), il en dresse toute l'absurdité : des soldats n'en ayant plus rien à faire du führer mais se battant pour leurs survies ou pour gagner une récompense. Croix de fer est un grand film de guerre, violent, éprouvant, sale, d'une qualité qui va de pair avec la dureté du film.