Unique film de guerre de Sam Peckinpah, "Croix de fer" est un film puissant que le metteur en scène de "La Horde sauvage" a superbement réalisé. Pourtant, le film a eu maints et maints problèmes durant le tournage. Le résultat final, malgré tout, est fantastique. Pas de héros patriotiques sur le bout des ongles, beuglant à tout va "pour l'Amérique!" en liquidant une centaine de soldats en deux secondes, ici, l'histoire se déroule sur le front allemand. Intense, mélancolique, ironique, "Croix de fer" est tout cela lorsqu'il s'agit de critiquer la bêtise de la guerre. Pas étonnant que le film soit extrêmement violent à la fois sur son sujet abordé que dans la violence visuelle. Tout s'enchaîne à une vitesse effrenée ou les personnages sont livrés à eux-mêmes, sans arrêt menacés par les forces russes. Mais "Croix de fer", c'est surtout une opposition entre deux soldats allemands, le caporal Steiner (James Coburn) et le capitaine Stransky (Maximilian Schell), pour savoir de qui le premier sera honoré de la crois de fer auprès de la nation. Compétition totalement en contradiction avec les évenements se déroulant sur le front. Sam Peckinpah, au crépuscule de sa carrière, rongé par la drogue et l'alcool, livre certainement ce qui est son film le plus pessimiste. Le générique de début, laissant planer une ironie malsaine, montre à la manière des films propagandistes les jeunesses hitlériennes heureuses de servir le Führer. Image d'un semblant de joie qui laisse place immédiatement au calvaire du quotidien sur le champ de combat. Pourtant, dans toute cette pessimicité, Peckinpah insère quelques options "humanistes" en la personne de Steiner qui se prend d'affection avec un jeune prisonnier russe, au début du film, ainsi qu'avec ses idées anti-militaristes. Pourtant, son idéologie ne suffit pas car, comme il le dit durant ses jours de convalescence à l'infirmière, "je n'ai plus de chez moi". Esprit rongé par le conflit faisant rage. Ironie de la guerre soulignée une fois de plus en ce qui concerne ce générique de fin, ou derrière le rire de Steiner, mélange de désespoir et de moquerie, Peckinpah place des images d'enfants juifs dans les camps de concentration, ce qui renvoie en générique de début ou les jeunesses hitlériennes, heureuses, laissent place à la jeunesse réprimée. "Croix de fer" est une réussite pour Peckinpah, film désespéré autant que l'était le réalisateur.